L'association serpsy soutient les étudiants en soins infirmiers
L’association serpsy soutient les étudiants en soins infirmiers
Ils ne sont pas taillables et corvéables à merci !
L’association serpsy soutient les étudiants en soins infirmiers de deuxième année dont les études ont été suspendues afin de fournir de la main d’œuvre bon marché à des hôpitaux mis en crise par l’action conjuguée du COVID 19 et surtout les coupes franches effectuées par la technostructure qui domine au ministère de la santé. Au moins payez-les correctement !
Synthèse de la situation des ESI (étudiants en soins infirmiers)
Merci à tous ceux qui ont participé au recueil d’informations et notamment à Olivier et Adèline et Sandrine, pour les écrits et pour les commentaires aux cadres formatrices, aux étudiant(e)s infirmier(e)s, aux IDE et cadres de soins de différentes régions.
Compte tenu de la situation sanitaire actuelle, attribuée aux hospitalisations liées à la Covid 19 et dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire décrété par le gouvernement, des filières de formations ont été momentanément suspendues dans le but d’apporter du renfort aux équipes de soins et pourvoir autant que faire se peut aux besoins en personnel dans les services de soins.
Les ARS de différentes régions ont donc promulgué en novembre 2020 un arrêté portant sur la suspension de filières de formations paramédicales. Les arrêtés différent selon les régions. Les étudiants médicaux et paramédicaux sont ainsi sollicités pour travailler en service de soins.
ex : ARS Grand Est arrêté n° 2020-3430 du 03nov. […] « suspension de 4 filières de formation préparant au diplôme d’état : d’infirmier de bloc opératoire, d’infirmier anesthésiste, d’infirmière puéricultrice, de cadre de santé . Période : semaine de 45 à 53. Durée 9 semaines. »
ARS PACA : La formation des ESI de 2A est suspendue depuis le 16 novembre 2020 et au moins jusqu’au 13 décembre 2020 pour permettre aux étudiants de pallier au manque d’effectifs humains.
Ces suspensions d’un mois peuvent être renouvelées une fois.
Des petites mains sous-payées pour cacher les erreurs des ARS ?
Les raisons de ce manque d’effectif sont soulignées par différents syndicats. Ils sont bien antérieurs à l’épidémie qui sévit actuellement. (CF manifestations et alertes des professionnels de soins qui remontent à plusieurs années). Des manifestations sont envisagées. D’ailleurs des étudiants ont déjà fait largement savoir leur indignation par les média et les réseaux sociaux. La FNESI (Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers), le CEFIEC (Comité d’entente des formations infirmières et cadre) et l’ANDEP (Association nationale des directeurs d’écoles paramédicales) soulèvent l’iniquité ainsi engendrée dans les filières de formation.
Selon les régions, les décisions montrent une disparité importante notamment au niveau du financement de cette participation demandée aux étudiants et de fait des modifications de leur statut. (Suspension de la formation : ils ne sont plus étudiants).
En région PACA, les arguments pour le choix des ESI de 2A sont les suivants :
- Les ESI de 1A ne sont pas concernés car n’auraient pas suffisamment d’expérience
- les ESI de 3A sont trop prêt du DEI et seront diplômés courant 2021 : reculer la date de leur diplôme serait stratégiquement inadapté compte tenu de la pénurie d’infirmier.
- les ESI de 2A (promo 2019 – 2022) sont concernés car la validation des UE de 1A leur donne les compétences pour exercer comme aide-soignant . Mais beaucoup ont une expérience liée à la Covid entre autre du fait de recrutement volontaire à « la 1ére vague »
Ils sont actuellement en période de stage et suffisamment loin du Diplôme pour avoir le temps de passer les examens avec succès.
Pour ce qui est des rémunérations elles peuvent se faire soit sous forme de prime soit sous forme de CDD. Ce point varie selon les régions. Ce qui crée une iniquité d’autant plus que les formations ne sont pas suspendues dans toutes les régions.
Que demandent les étudiants ?
Les témoignages des ESI ne mettent pas en question le fait de participer volontairement à ce redéploiement du fait de leur engagement dans ce type de profession.
Par contre ils sont choqués par la façon dont ils ont été informés. Façon qu’ils considèrent comme cavalière : au dernier moment par mail avec une réunion d’information sommaire organisée dans les IFSI. Les étudiants ne se sentent pas considérés et peu respectés. Les cadres formateurs sont aussi choqués que les étudiants.
Les ESI sont également inquiets pour la qualité de leur formation et craignent au moment du DEI de manquer de compétence et de ne pas savoir faire face à toutes les situations de soins, voire craignent de mettre des vies en danger. Alors que leur formation est censée être polyvalente, ils ont le sentiment d’avoir une « formation covid ». Enfin, la formation infirmière est notamment ponctuée de stages encadrés et diversifiés qui leur permettent d’apprendre les pratiques infirmières en sécurité avec un accompagnement adéquat. Or les actes infirmier et les actes aide-soignant sont différents, même s’ils font partie de la formation infirmière.
Comme les professionnels, ils sont eux aussi épuisés car notamment ils ont dû travailler les partiels, reportés du fait de la « 1ére vague » début 2020 et disent qu’ils n’ont pu vraiment se reposer. Ce qui risque de se reproduire encore. Se rajoute au stress de la formation, le stress lié aux situations de soins du fait de la Covid. Beaucoup se sentent peu soutenus dans l’incertitude générale.
Les étudiants qui ne sont pas en promotion promotionnelle hospitalière rémunérés durant la formation, craignent de ne plus bénéficier des aides financières liées à leur statut d’étudiant, à cause de la suspension de la formation Ce dernier point est contredit par le gouvernement. Dans les faits certains étudiants craignent de se trouver en situation de précarité d’autant plus que beaucoup font des « petits boulots » pour assumer leur formation et que le confinement et les périodes en service ne facilitent pas toujours le maintien de ces petits revenus. L’ARS assure le maintien des bourses mais ce sont des points qui restent anxiogènes pour les étudiants qui sont souvent dans des situations financières difficiles, voire critiques.
En suspendant les formations l’ARS espère que les étudiants s’inscriront volontairement sur une plateforme dédiée. (Plateforme renfort RH de l’ARS). Est-ce que les étudiants ont une garantie de trouver un lieu de recrutement pour exercer comme aide-soignant, où ils pourraient bénéficier de vacation ou de CDD auprès des établissements bénéficiaires sur ladite plateforme ?
Réfléchir au sens du soin, de l’engagement de chacun et de l’attitude des ARS …
Au-delà de la situation difficile que vivent les étudiants et de toutes les incertitudes dans lesquelles chacun se trouve, révélées notamment par les stratégies mises en place en cette étrange période, les discours contredits par les faits, les attitudes contradictoires, il serait temps de réfléchir au sens que tous ces épisodes, nous apprennent du vivant, de soi, du collectif.
Véronique pour l’association Serpsy.
Date de dernière mise à jour : 21/11/2020
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