La complainte des cadres qui ne veulent plus s'asseoir sur leur clinique

STOP !

La complainte des cadres qui en ont marre de devoir s'asseoir sur leur clinique

En 2009, des cadres de santé de psychiatrie invitaient leurs collègues, cadres, à revenir au soin et à la clinique. En pure perte. Le rouleau compresseur néolibéral balaya tout cela.  

A trop vouloir  supprimer la clinique aux cadres de santé,

A trop vouloir leur faire croire que d'un coup de formation de 10 mois

ils ont perdu en route les années de formation, les années d'équipe, d’éthique

les années de création, les années de confrontation avec la psychose.

A trop vouloir leur faire croire qu'ils sont différents des équipes

qu'ils ont changé de monde, de façon de penser, de voir, de respirer

à trop vouloir leur faire perdre leurs repères, leurs liens et leurs inspirations,

les cadres de santé sont en train de mourir chacun dans leur coin.

 

Plutôt que de dénoncer la violence d’un système injuste et destructeur, chacun se débat dans sa solitude face à des conditions de travail en constante dégradation.

Le pire c'est qu'on nous agite le chiffon rouge alors on fonce mais pendant ce temps que se passe-t-il vraiment en coulisse?

Des heures de perdues pour un document à dupliquer.

Des heures de perdues pour des toilettes bouchées.

Des heures de perdues pour avoir des timbres, du papier au bout du rouleau.

Des heures de perdues pour  un rendez vous.

Des heures de garde seul(e) ou tu te débrouilles seul(e) pour éviter la catastrophe !

Eviter la catastrophe, celle que l’on voit, mais l’autre, celle qui ne se dit pas.

Perdues des heures à ne savoir répondre à la détresse d'un soignant.

Perdues des heures à cacher ma détresse aux soignants.

Perdues des heures à faire du coloriage sur des feuilles quadrillées.

Perdues des heures à recommencer la même tâche toujours interrompue.

Perdues des heures à se faire étriller au savon hiérarchique hebdomadaire

Alors Stop!

Etre cadre de santé, c’est être avant tout  infirmier avec ce luxe, cette indispensable position de retrait, de recul nécessaire au bon déroulement du soin.

Etre cadre de santé, c’est être infirmier… encore ! avec ce luxe, cette indispensable obligation de dénoncer quand le soin va mal. Non ?

On vous propose la convivialité, la discussion, la redécouverte du plaisir d'être ensemble.

On vous propose l'initiative, le plaisir de donner de soi, oser encore donner ses passions en partage.

On vous propose le temps d'être disponible pour ceux dont on a la charge.

On vous propose une respiration de l'esprit

Alors stop, pour 2009 rêvons et proposons un autre monde…. 

 Infirmiers, aides-soignants, agents des services hospitaliers, cadres de santé, cadres supérieurs de santé venons de prendre une résolution simple : soigner. Au risque de déplaire à nos chefs, nos décideurs, nous allons enfin nous consacrer à ce pourquoi nous sommes formés, diplômés : soigner. Nous l’avons appris dans nos écoles respectives, soigner c’est dégager des priorités. Savoir prendre les bonnes  initiatives au bon moment, en particulier en cas d’urgence.

Aujourd'hui, sous couvert de gestion de la dette publique, de transparence budgétaire il nous est demandé et c’est légitime de bien vouloir participer aux comptes, de rendre compte. Il nous est demandé de quantifier, d’évaluer notre pouvoir productif au regard d’un budget dégressif. En langage technocratique cela se nomme économie d’échelle, en langage soignant cela signifie danger. 

Aujourd'hui, sous couvert de gestion de la dette publique, de transparence budgétaire, nous passons donc plus de temps à compter, décompter, évaluer, vérifier que panser, penser, écouter, parler, rassurer, dorloter, guérir.

Infirmiers, aides-soignants, agents des services hospitaliers, cadres de santé, cadres supérieurs de santé venons de prendre une résolution simple : dire stop à tous ce qui fait obstacle au soin tant qu’il ne pourra plus être garanti en terme de qualité, sécurité, égalité, équité.

Infirmiers, aides-soignants, agents des services hospitaliers, cadres de santé, cadres supérieurs de santé venons de prendre une résolution simple : dire stop à la paperasserie, au contrôle permanent tant qu’ils ne seront pas utilisés à ce pourquoi ils devraient exister : garantir notre exercice, le soin et donc les bénéfices attendus par tous les usagers.

 

 

Bachi Bouzouk, Papillon et Libellule. 

Texte publié sur l'ancien site Serpsy en 2009. 

 

Date de dernière mise à jour : 16/06/2022

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