Pour s’y repérer, l’appareil psychique groupal

Pour s’y repérer

L’appareil psychique groupal

Synthèse proposée par Clarisse Vollon, psychologue clinicienne, CH Montperrin et CH Valvert

 

L’appareil psychique groupal est un concept inventé par R. Kaës. Il définit un appareil irréductible à l’appareil psychique individuel : il n’en est pas une extrapolation. Il accomplit un travail psychique particulier : produire et traiter la réalité psychique de et dans le groupe. Il est un dispositif de liaison et de transformation des éléments psychiques et ne fonctionne que par les apports de ses sujets. Dans les groupes, du fait du groupement et par l’effet du groupement, un certain arrangement des psychés se produit, et cet appareillage définit la réalité psychique ou la « psyché » de groupe.

Les groupes internes tels que les fantasmes originaires, les imagos, les complexes ou les systèmes de relations d’objet sont, à des degrés divers, toujours mobilisés dans la construction de l’appareil psychique groupal. Celui-ci est étayé en appui multiple et réciproque sur les formations groupales du psychisme de chacun des participants. Il n’y a pas seulement collection d’individus, mais groupe, avec des phénomènes spécifiques, lorsque s’est opérée entre les individus constituant ce groupe une construction psychique commune, comportant un niveau différencié et un différencié de relations.

 

Les alliances inconscientes

L’alliance inconsciente est un autre concept inventé par R. Kaës qui participe aux fonctions méta-défensives (c’est-à-dire aux défenses construites par le groupe lui-même). Au sein d’un groupe il n’y a pas une mais des alliances inconscientes. Le groupe doit offrir à ses membres des organisations défensives communes sur lesquelles ils adossent leurs propres mécanismes individuels de défense, notamment contre les angoisses psychotiques et archaïques réactivées par la régression dans la situation de groupe. La mise en place d’un leader, l’idéalisation et les idéaux partagés constituent aussi des métadéfenses qui encadrent les formations individuelles de l’inconscient.

            Le lien groupal et la formation de la réalité psychique propre au groupe s’organisent sur une série d’opérations de refoulement, de déni ou de rejet effectuées en commun par les sujets de ce lien pour le bénéfice de chacun. Ces opérations caractérisent les alliances inconscientes. Ainsi l’alliance inconsciente est une formation psychique intersubjective construite par les sujets d’un lien pour renforcer en chacun d’eux certains processus, certaines fonctions, ou certaines structures issues du refoulement ou du déni, ou du désaveu, et dont il tirent un bénéfice tel que le lien qui les conjoint prend pour leur vie psychique une valeur décisive.

            L’ensemble ainsi lié ne tient sa réalité psychique que des alliances, des contrats et des pactes inconscients,  que ses sujets concluent et que leur place dans l’ensemble les oblige à maintenir. L’idée d’alliance inconsciente implique celles d’une obligation et d’un assujettissement.

Kaes

 

Les fonctions phoriques

Concept inventé par R. Kaës qui vise à spécifier les emplacements et les fonctions dans l’agencement du lien intersubjectif (donc comment les membres se situent les uns par rapport aux autres en situation de groupe) qui sont nécessaires au processus d’appareillage psychique intersubjectif. Il ne s’agit pas de la conception systémique du patient désigné ou du porteur du symptôme familial : le membre du groupe est plutôt considéré comme un élément du système. Exemples de fonctions phoriques :

Le porte parole, c’est le porte voix qui, dans le groupe, à un certain moment, dit quelque chose et ce quelque chose est le signe d’un processus groupal qui, jusqu’à ce moment, est demeuré latent ou implicite, comme caché à l’intérieur de la totalité du groupe. Comme signe, ce que révèle le porte voix doit être décodé, c’est-à-dire qu’il faut lui enlever son aspect implicite. De cette manière, il est décodé par le groupe-particulièrement par le coordinateur- qui en indique la signification. Le porte voix n’a pas conscience d’énoncer quelque chose de la signification groupale qui a cours à ce moment-là, mais plutôt il énonce ou fait quelque chose qu’il vit comme lui étant propre.

Sur ce même modèle il existe plusieurs types de fonctions phoriques : le bouc-émissaire, le porteur de rêve, le leader…

 

Ajouter un commentaire