Soignants taisez-vous !

Soignants taisez-vous !

C’est l’été. Les petits et grands chefaillons émigrés chez eux au péril de leur vie abandonnent le télétravail et déferrent les soignants en Conseil de discipline. Au Rouvray, c’est même le dernier endroit à la mode. Le Tout Paris s’y bouscule. Le Javert local s’en prend aux Jean Valjean qui ont eu l’outrecuidance de révéler, sur Facebook, la vérité sur les masques jetables lavables. Il ne faut pas faire de publicité aux notes de service de la direction des soins. Quand elles sont à ce niveau de stupidité, il faut les déchirer, n’en pas tenir compte. Demain 30 juin, les pintadeaux récidivent. En psychiatrie, les entrées se multiplient. Les dépressions liées au confinement sont légions. Même FondaMental se rend compte que ça ne va pas. Que fait-on au Rouvray ? On sévit, on punit, on pourchasse, on persécute. Ils n’ont rien d’autre à faire ? Le printemps de la psychiatrie sera aux côtés des soignants comme il l’a été le 24 juin. Nous ne nous tairons pas !

L’Ehpad Emile Gérard de Livry-Gargan (93) s’y met aussi. Anissa Amini, aide-soignante, élue au CTE, représentante du personnel au Conseil d'Administration et au CHSCT, animatrice de la section Sud d’un des plus gros Ehpad du 93 est convoquée le 6 juillet pour un entretien préliminaire à une sanction disciplinaire. Qu’a-t-elle fait pour recevoir une telle prime ? Qu’a-t-elle fait pour risquer d’être privée de tour d’honneur sur les Champs Elysée le 14 juillet ?   

Elle a alerté quelques médias (Le Parisien, etc.) sur la gestion dangereuse de l’épidémie par l’équipe de direction, longtemps aux abonnés absents (directrice intérimaire + DRH). Faut dire que la Mme Tape-dur locale a traversé toute la Crise Covid 19 en congés maternité. Ça lui donne une vraie légitimité pour distribuer les sucettes et les coups de bâton. Bref, notre collègue, a fait des déclarations à la presse. Ces déclarations sont « susceptibles de constituer un manquement au droit de réserve, de neutralité, de respect hiérarchique, de discrétion professionnelle et de dignité que doivent respecter tout agent public » sans oublier qu’elle n’a peut-être pas dit bonjour à la dame. C’est toujours la même histoire : on tripatouille, on gère la pénurie qu’on a soigneusement organisé mais il ne faut pas que ça se sache. Soignants de tous les pays : taisez-vous ! Et dites merci !

Au fait quel est le rôle d’une représentante du personnel au CHSCT ? Ah oui : « contribuer à la protection de la santé physique et mentale et à la sécurité des agents dans leur travail ». C’est aussi la mission de la direction. Nos Bozos ont-ils communiqué ? Sont-ils allés voir les soignants sur le terrain pour les rassurer, leur expliquer ? Euh, c’est-à-dire. Rien pendant les premières semaines du pic épidémique.

Anissa Amini a alerté très tôt la direction sur une potentielle chaîne de contamination liée à des décisions de mesures d'hygiène et d'isolement trop tardives, elle a réclamé du matériel de protection, des tests pour tous les personnels. Il manquait de tout ; des personnels, des masques, des sur-blouses, etc.  A de nombreuses reprises, elle a demandé (en mars et en avril) la tenue d'un CHSCT extraordinaire. Ses demandes sont restées sans réponses. Il aura fallu attendre le 17 avril pour qu'un CHSCT soit enfin organisé.

Anissa a donc été contrainte, en désespoir de cause, de contacter les medias, comme chacun de nous l’aurait fait. Curieusement, à partir de la simple information que les médias allaient être contactés, la direction de l'EHPAD et le Maire (Président du conseil d'Administration, absent jusque-là) ont commencé à prendre la réelle mesure des difficultés et des drames qui se jouaient dans l’établissement.

Une fois de plus, ce sont les soignant(e)s qui prennent leurs responsabilités qui sont traîné(e)s dans la boue administrative. C’est le souci de l’autre qu’on assassine dans un hallucinant renversement des valeurs. L’association Serpsy (Soin Etudes et Recherches en Psychiatrie) soutient et soutiendra ces soignants courageux qui vont jusqu’au bout, qui prennent tous les risques, pour une idée du soin que nous partageons viscéralement. Ces directeurs fantoches qui tentent de faire oublier leur médiocrité, leur incapacité à anticiper les événements en nous sanctionnant nous trouveront toujours face à eux.  Ils ne nous feront pas taire !

 

Serpsy 

Date de dernière mise à jour : 01/07/2020

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