Venons-en aux mains

   Venons-en aux mains

Thérapies manuelles

                

 Intro

 Lorsque, le  jeune  William  Well Ellis décida que cela suffisait de taper dans la balle avec les pieds, il la ramasse et la porte dans ses bras. Ses camarades lui courent après et tentent de le rattraper. Ce jour là, le Rugby fut inventé, et devint ce sport de voyou pratiqué par des gentlemen. Toute la violence de cet adolescent, lorsqu’elle déborde devient alors un acte créatif. Aujourd’hui des peuples s’en servent pour s’unifier et révéler leur force, leur intelligence. Cela est un jeu, mais c’est le signe d’un niveau d’organisation suffisant de la psyché humaine  comme celui de l’enfant qui peut se passer de la présence de sa mère et ainsi accéder à l’autonomie.

Si l’on veut proposer à nos patients une contenance psychique, voir d’évacuer un trop plein d’énergie psychique, ou d’en limiter l’afflux, nous devons mettre en place des jeux sociaux. Ces activités sont à la fois des jeux créatifs ou playing et des jeux avec règles dits game

 Si nous revenons au rugby, il s’agit bien d’un game playing qui se fait autour d’une forme. Celle-ci est celle d’un ballon ovale. Par conséquent  cette balle a une course aléatoire, elle est vivante et est capable dans cette semi autonomie de rebondir. Ni l’arbitre, ni les joueurs, ni le public ne décident totalement de sa course.

 Au centre de santé mentale, nous inventons un game-playing qui se fait autour d’une forme complexe de style. Celle-ci est un meuble de style Louis XV ; secrétaire pour dames. Le fait que l’infirmier bien que bon bricoleur, ne soit pas ébéniste, que les patients n’aient jamais travaillé le bois, rendent le parcours de ce projet aléatoire. Ni le soignant, ni les patients ne maitrisent totalement la trajectoire.

Ce nouveau jeu de construction est un pas de côté par  rapport au scientisme, à la robotisation des humains.. Commencé en 2008, ce jeu ne presse personne. Son terrain est un atelier de reliure du service de psychiatrie, ses joueurs sont au nombre de 4 /séances. Deux équipes y ont joué. Le garant est un infirmier relié à l’équipe de soins par les rencontres et les réunions cliniques avec l’institution.

Nous avons ainsi mis en jeu une forme de style.

 Henri Focillon, philosophe, va nous aider à examiner cette option. Dans son livre "Vie des formes et éloge de la main" il écrit à propos du style : « qu’il n’est pas le résultat d’un conformisme, puisque au contraire il sort d’une dernière  expérience dont il conserve l’audace,la qualité forte et jaillissante. » Il ne s’agirait donc pas d’un conformisme bourgeois au sens du tout conforme mais d’un déterminisme d’expérience. Chacun peut donc s’y référer. Le game est lancé. En ce qui concerne la forme, Focillon nous dit : « La vie est une forme et la forme un mode vie. »  Choisir de construire une forme, c’est de se mettre du côté d’un choix de vie créatif. Nous venons de lancer le playing.

 Les patients : Elisabeth, Bruno, Christophe, Laurence, Bernadette, Pierrette, Christine sont en prise à une telle excitation interne qu’ils ont rompu leurs liens avec l’extérieur ou du moins ils sont inefficaces socialement. Christine et Laurence, toutes deux mères de famille, ne peuvent pas accompagner leurs enfants à l’école ou au sport. Elles se sentent impuissantes face à leur incapacité à contenir leurs émotions.

D’autres modalités émotionnelles s’installent au cours du jeu. C’est ce que Sophie Krauss appelle dans son livre : "L’enfant autiste et le modelage", l’accordage affectif.

Cet accordage affectif sera construit à partir  de l’institution

                                                                         de l’infirmier référant

                                                                         du groupe des patients

                                                                         de l’objet de sa forme et de son style.

Il sera rythmé de présence et d’absence, le jeu ayant lieu tous les mardis de 9h à 16h.

 Ainsi ce jeu Game-playing, cette forme de style, cet accordage vont avoir un effet de contenance psychique.

A partir  du corps

              d’une dynamique de solutions

              d’un travail relationnel

              du travail psychique du thérapeute 

                                                                       Ebeniste
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  1. I. A partir  du corps

      1. De la  peau et de la main

La main perçoit ce que l’œil néglige ou n’est pas capable de voir. Elisabeth ne peut pas encastrer les pièces de cuir dans la fenêtre qu’elle a préparée. Les bords se chevauchent, son œil ne le voit pas. En les touchant, elle en prend conscience. A ce moment là, elle se qualifie d’intellectuelle, plus tard de cérébrale. Elle a alors un regard sur elle-même. Elle vit seule, n’a plus de lien avec son fils qui lui reproche d’avoir peur de tout. Déprimée, elle relationne peu et se désespère de donner un sens à sa vie. Elle vient depuis 6 mois à l’atelier. Elle raconte le souvenir d’une grand-mère couturière auprès de laquelle elle se sentait bien. Le jeu la rend plus expressive et plus gaie

        2. De la coordination bi-manuelle

 Une main gauche qui se met au service d’une main droite ou vice vers ça. Comme sur le violon où la gauche fait la note et la droite tire l’archet. Comme dit Focillon ’’c’est un bonheur que nous n’ayons pas deux mains droites.’’ Pour construire,  ces deux mains doivent s’entraider. Beaucoup de nos patients les isolent l’une par rapport à l’autre. Elles ne collaborent plus ensemble. Christophe lâche un objet pour en saisir un autre de l’autre main. L’usage du serre-joint exige que les deux mains saisissent ensemble. Nous avons très souvent recommencé la manœuvre. "Je suis mal à droit" dit -il.

L’humain a pu évoluer grâce à ses mains et conquérir l’espace Christophe plus autonome a pu aider son père dans le jardin et en retirer beaucoup de plaisir. Dans ce cas, il a moins recours aux phénomènes hallucinatoires, se montre moins agressif en groupe, moins exclusif  et impatient dans sa relation avec l’infirmier. Les mains sont les outils de notre intelligence. Si elles ne servent plus elles s’appauvrissent et notre mental se chronicise. « Sans la main point de géométrie » dit Focillon. En effet sans la main point de calcul, ni de mesures. Mais sans la main point de discours, ni d’éloquence. Il ne resterait qu’un langage machinal perdant toute signification.

Les mains en creusant la matière ont ouvert des fenêtres sur le monde des arts, de la relation, de l’intime et du sublime.

Dans la revue sciences humaines de aout 93 Catherine Perles à propos de l’art des objets au paléolithique, nous rappelle que "mieux que la parole, l’objet permet de fixer le message et de le communiquer visuellement et non plus seulement verbalement, de s’affranchir de la nécessité du contact direct ».

Vous comprendrez aisément l’intérêt de cette remarque alors qu’il s’agit pour nous de communiquer avec des personnes ayant des difficultés à se contenir, par des moyens autres que la parole, sans pour autant y introduire des contacts physiques.

La vue et l’image sont très investies par nos patients. Christophe, passionné de photos, de magazine, d’images audiovisuelles est un ancien cameraman. Il est en quête de lumière, ses hallucinations sont essentiellement visuelles. Il a du coup un sacré coup d’œil.

              3. De la qualité oculo-manuelle

 L’œil et l’image s’imposent aujourd’hui .Ils jugent de tout, le pouvoir donné à l’audio visuel en témoigne. Comment être juste en pensée, actes et paroles seulement à partir d’un point de vue. Comment rester réaliste et concret si l’usage des mains se perd comme en ce moment. Leonard de Vinci dit :

             « Les mains exécutent. L’œil juge. »

Nous quittons le monde virtuel de la vision, pour nous retrousser les manches, rendre nos mains vivantes. et nous efforcer d’avoir le compas dans l’oeil.

Pendant des mois nous besognons avec en main un compas, un crayon et une tige en bois que nous avons fabriquée. Nous  traçons à partir d’un centre, des cercles, des lignes. D’abord c’est la géométrie, le coup d’œil, le bon gout, le plaisir des matières et des couleurs…Viendra ensuite la mesure, et les nombres. Nous traçons sur des cahiers des formes géométriques sur la base  des nombres 2 , 3, 4,  5,  6, et 8. Nous sommes alors prêts pour dessiner le croquis du meuble, et en établir le plan.

  4. De la qualité du geste.

 Bruno, 50 ans, ancien moniteur de ski, vit de nombreux épisodes catatoniques. Entre ceux-là il a tendance à se replier et à s’enfermer chez lui. Ses gestes sont stéréotypés, ses paroles répétitives. Il a des mains peu investies, il les décrit fatiguées et malhabiles. Par le découpage et le collage de pièces de cuir, il retrouve du tact, de la précision. Les outils ciseau, rabots sont mieux tenus. Son corps s’adapte. Plus habile dans sa gestuelle, il s’exprime davantage.

       5. De la qualité de la posture.

 Christine est repliée corporellement, les épaules enroulées vers l’avant. Elle se tient à l’écart du groupe. Elle découvre le plaisir sensoriel du toucher du cuir. Elle se montre très habile dans le découpage. Elle se déplie au fil des séances, se maquille est élégante, s’occupe avec plaisir de son fils, relationne mieux avec son mari. Elle ne  demande plus de soins aujourd’hui, va très bien et a accouché d’un 2° enfant. Elle contient beaucoup mieux une angoisse qui l’avait conduite a un épisode de dépersonnalisation.

Ce qui dans son cas a peut être pu marcher, c’est la résolution de la problématique de la division, et de la séparation. Pour réaliser les objets, l’artisan doit adopter une posture adaptée à l’exécution de son ouvrage. C’est à dire avoir le dos droit, le bassin orienté par rapport à l’objet en fabrication, les épaules dégagée de tensions. Cette adaptation va créer de la relation avec l’objet, puis avec les personnes qui l’entourent et donner un sentiment d’unité, et ainsi de contenance.

        II. A partir des capacités d’attention

          1. Le temps et le rythme.

Elisabeth connaît de grandes difficultés d’attention. Des ruminations, des réflexions et pensées l'empêchent d’être présente dans ce quelle fait. Au début de la séance, un temps d’échange est aménagé, au cours duquel chacun va dire ses difficultés quotidiennes. Ensuite nous commençons notre ouvrage devant lequel chacun se repère.

Cette méthode permet d’organiser la pensée en étapes et en séquences.

Conformément à la tradition du travail du bois nous repérons des temps :   Débit

              Corroyage : dégauchissage et rabotage

              Dressage

              Taille et emboitement

              Collage, ponçage et finition.

Les patients apprécient ce nouveau langage, comme un vocabulaire d’initié qui leur donne un sentiment d’appartenance. Ces repères, une fois établis et compris en pratique, servent de repères à la pensée qui se fait ainsi moins envahissante.

 Les capacités de mémoire sont ainsi augmentées. En répétant les gestes et en les rectifiant pour les améliorer, en repérant les situations et leurs difficultés comme celles du collage qui nécessite anticipation et rapidité, en apprenant un vocabulaire des métiers, en identifiant les lieux et les espaces de rangements.

Un patient qui se souvient aura moins de difficultés avec la temporalité. Bruno ira de façon régulière à ses rendez vous avec son psychiatre et son infirmière référente.

                 2. L’anticipation.

 Les capacités pour anticiper vont-elles aussi être meilleures. On ne pense plus seulement à partir d’une subjectivité, ce qui est facteur d’angoisse et donc de violence, mais on fait un plan d’action, on pèse alors les avantages et les inconvénients d’une action. Tout est visualisé sur plan, en tenant compte de l’espace et des contraintes de la forme et du style. Il s’agira bien sûr sans cesse de s’adapter aux circonstances, aux difficultés techniques, à nos capacités, à notre budget.

               3. L’autonomie

 L’autonomie est favorisée et encouragée. Bernadette, mère de 3 enfants qui ont plus de 20 ans, vit sous le regard de son mari. Celui-ci qui connaît des ivresses furieuses est censé la protéger. Evidemment lorsque ce n’est plus le cas, elle vit un véritable désastre, elle décrit alors un vide devant lequel elle se trouve. C’est alors qu’elle tente de se suicider en avalant des comprimés. A l’atelier, elle demande sans cesse que l’on vérifie ce quelle fait, elle a du mal à se décider. Nous lui confions notre "bureau d’études". Comme chez un grand couturier, elle décide du modèle, des formes et couleurs du motif de décoration du revêtement en cuir du meuble. Elle joue le jeu ; aligne sur les patrons les peaux colorées, fait des propositions et demande des avis.

Aujourd’hui, elle s’est remise à peindre et expose ses toiles. Elle a interrompue sa dernière TS, en se disant qu’elle avait un ouvrage à finir, et donc mieux à faire. L’auto-contenance psychique a donc pu fonctionner.

                  III. A partir de la dynamique de réussite.

 Pierrette a toujours un sentiment d’échec. Institutrice, elle n’a jamais exercé suite à une réprimande d’un inspecteur. Anorexique dans sa jeunesse, aujourd’hui bien qu’âgée de 60 ans elle en parait 10 de plus. Parle toujours à voix basse. Avec nous, elle a beaucoup investi le travail de recherche à ses débuts. Elle obtient des résultats reconnus de tous qui la valorisent.

 Elle parvient à se désinhiber en osant faire, elle a du mal à appréhender le changement. Elle y parvient en visualisant la levée des obstacles : "je ne suis pas capable, je suis bonne à rien," Ce discours est remplacé par "je peux c’est possible". Elle parvient néanmoins à nous prouver que c’est trop difficile pour elle et interrompt l’activité. Deux ans après elle en garde un heureux souvenir, et m’aborde avec le sourire,

Tous nos patients ont accumulé des échecs. Mais participer à une œuvre d’une telle envergure, les valorise, leur permet d’établir une confiance en eux.

               IV. A partir de la relation

                  1. relation au groupe.

 Le groupe réuni autour de l’ouvrage, est à l’écoute de chacun. Il est le témoin d’un parcours et agit en public reconnaissant de cet ensemble d’efforts fournis par chacun comme celui de rester là, de venir à l’heure, de partager un repas, ses rires et ses peines. Ces personnes isolées, grâce à cet accordage affectif, se sentent désormais amarrées. Elle ne flottent plus alors dans un no mans land. Ce qui est un facteur important de décompensation.

Christophe il y a plus de dix ans est dans un Sarajevo en guerre civile. Il participe alors à une mission humanitaire. Il me décrit ce qu’il voit

  « Tout est détruit, il n’y a plus de règles, plus de sociétés. Seuls circulent à toute vitesse dans la ville des groupes clairsemés, bruyants et hostiles." Il se perd, n’a plus de lien avec les OMG, errant entre deux lignes de front, il est pris en charge par des miliciens croates. D’otage, il devient refugié sanitaire et rejoint la France par avion. Il sera hospitalisé pendant de nombreuses années.

Nous voyons bien que la cohésion est un facteur important de succès dans l’entreprise.

Au cours du repas, des échanges libres permettent de renforcer un sentiment d’appartenance citoyenne. Il y a beaucoup de commentaires sur l’actualité, la vie sociale.

Les limites sont clairement définies, elles reposent sur le respect des personnes, des ouvrages, des lieux, des horaires. Il est convenu que l’on s’avertisse lorsque l’on ne vient pas ou que l’activité est annulée.

              2 Relation à l’objet

 De la matière brute rugueuse au toucher, nous arrivons à une forme évoluée de style. Néanmoins l’artisan est confronté à la rébellion de la matière contre l’esprit. Il doit les faire s’accommoder l’un l’autre. Sa patience, sa souplesse, son intelligence, son gout pour l’harmonie, vont l’y aider. Il doit pactiser avec les outils afin de rectifier, transformer. Cette accordance va lui permettre d’appréhender la mesure de ce qui l’entoure. Ainsi Laurence qui se plaint de ne rien sentir, parvient peu à peu à s’accorder avec ce qu’elle a en main. En ponçant les pieds du meuble, elle perçoit des qualités de toucher, d’odeur, de sons. Cela la ramène à ce qui ici et maintenant est.

 Elle ressent davantage de présence à cet autre prolongement de son esprit : cet objet qui permet d’ouvrir des espaces de relation jusque là fermé.

              3. Relation au soignant

 Celui-ci est bien repéré. Il est à l’écoute, il aménage un  temps de parole en début de séance. Il permet de faire le lien entre ce qui se passe à l’atelier et la vie quotidienne. Ainsi  faire le ménage en fin de journée, cela facilite ensuite la capacité de le faire chez soi. Etablir des listes, c’est comme la liste des courses.

Il est également une référence en matière de comportement. Il reste calme même lorsque des évènements imprévus surviennent, par exemple les erreurs de coupe. Il est alors immédiatement dans la recherche de solutions, et ne râle pas. Il cherche des compromis entre les personnes du groupe, et  les stratégies.

               V. A partir du travail psychique du thérapeute.

                1 .Acceptation de non savoir

L’infirmier n’est pas en position de savoir. Il découvre la technique et l’expérimente au fur à mesure. Sa connaissance dans le domaine des relations humaines, va l’aider à se positionner. Pour aider il améliore ses capacités d’acceptation des limites du patient.

Le patient a sa propre vitesse pour prévoir, et mener les actions. Sans rien brusquer, il sollicite des micros changements. Se hâtant lentement.

Il sollicite l’intérêt, laisse l’erreur se faire,  pour pouvoir la rectifier. Il situe la réussite là ou elle se doit d’être c'est-à-dire, sur la réinstallation de la place du sujet, ses capacités à absorber le stress.

Celui-ci augmente lors des instants décisifs. Au moment du collage,  nous sommes tous inquiets de  mal adapter les morceaux. Le résultat est alors indiscutable, et définitif. La tension est palpable chez chacun, c’est nécessaire comme lors de l’entrée en scène de l’acteur. Il n’est pas souhaitable de  vouloir tout contenir, en nivelant les difficultés, nous prendrions alors le risque, de perdre en authenticité. C’est en s’entrainant à la résolution des problèmes, en faisant preuve de calme et discernement, que nos patients vont apprendre à se contenir, ou sentir la contention comme fiable.

                 2 . L’accordage affectif.

 Loin de moi l’idée d’établir une recette. Il est utile de dire que la tentative serait d’avoir l’attitude qui permet au patient de se sentir exister en tant que sujet. En évitant de trop administrer, ou techniciser la relation, mais aussi d’éviter la transmission de nos affects, de nos jugements de valeurs ou prises de positions trop marquées. Il est nécessaire d’être authentique dans la relation afin d’être qualitativement perçu. Le patient psychotique est, je suppose, en difficultés constantes pour se sentir exister d’où sa nécessité de quêter des réponses magiques, lorsqu’il est en manque d’accordages.

Afin de se rassembler il aura besoin de compter sur nous, de vérifier notre présence, notre disponibilité. Il comprendra que nous ne sommes pas toujours disponible à partir de notre attitude et de nos explications en lui laissant cette possibilité de tournoyer, se frotter à ce qui l’entoure. Il trouve ainsi par lui-même le moyen de calmer ses tensions internes. 

               Conclusion.

 L’humain pour exister a besoin d’être reconnu par delà même les fluctuations de la vie. Ainsi s’il ne parvient pas à s’ancrer sur une cohérence psychique, il lui est nécessaire de tenter de tout figer autour ou bien de « s’inventer » un port d’attache onirique. Dans ce cas hors de lui-même, il ne contient plus rien. Ce que nous proposons, c’est un jeu qui ait du sens pour lui, au cours duquel il va pouvoir à nouveau s’accorder à une personne soignante, un groupe dans l’institution, et un objet fédérateur. Lorsque tout reprend à nouveau forme autour de lui, et qu’il le perçoit, il se construit un intérieur plus cohérent, plus constant, et contenantIl peut acquérir une forme de corps, des capacités d’attention, une dynamique de réussite et de relation.

 Yves Rigal, Centre de Santé Mentale, Hélène Chaigneau.

Texte présenté lors de la 1ère Journée Serpsy à Montperrin, en février 2011. 

  

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