Du GERIP à l'ADRPSY : un demi-siècle de recherche infirmière en psychiatrie

Du GERIP à l’ADRPSY : un demi-siècle de recherche infirmière en psychiatrie

Approche historique de la recherche infirmière en psychiatrie, les associations, les groupes de recherche, les travaux ... 

La recherche infirmière en psychiatrie est très loin d’être une idée neuve et une pratique radicalement innovante. Des travaux pionniers ont puissamment influencé nos cousines des soins somatiques. Ainsi les premiers travaux sur l’identité infirmière sont-ils l’œuvre des ISP (Infirmier de secteur psychiatrique) du Gerip. Ils sont repris quasiment dans la foulée par l’ANFIIDE et contribueront à générer régulièrement des enquêtes sur la « mosaïque infirmière ».  

Nous nous intéressons, dans cet article, aux associations et groupes de recherche qui ont investi la recherche en psychiatrie dès la fin des années 60.

Pourquoi cet article ? Des chercheurs de différentes disciplines (sociologues, ethnologues, anthropologues, philosophes, psychosociologues, psychodynamiciens du travail, etc.) enquêtent sur les infirmières, observent leurs manières de faire, de s’organiser, de faire face à la maladie, à la mort, à la folie. Ils le font comme on étudie un peuple primitif qui est censé ne pas se penser lui-même. Ils nous considèrent comme des Dogons dépourvus d’écriture, sans littérature. Nous sommes leur objet d’études et un objet ça ne pense, ni n’écrit. Ils se gardent bien d’ailleurs de citer nos écrits. Le colonialisme universitaire n’a rien à envier au colonialisme politique ou militaire. Il s’agit donc d’abord d’affirmer que nous pensons par nous-mêmes, qu’il existe des recherches et une littérature infirmière.

La mémoire se perd, elle n’est plus transmise. Dans des IFSI et des IFCS qui fabriquent des producteurs de soin ou des managers aux ordres, il n’y a pas de place pour l’histoire de la discipline. Il n’existe pas non plus d’espace où les avancées de la discipline pourraient être rassemblées, évaluées, mises en travail. Une académie du soin pourrait remplir cette fonction mais le collectif d’associations qui se regroupe sous ce nom ne se préoccupe pas de la discipline et encore moins de psychiatrie. Nous sommes condamnés à bricoler. Pendant ce temps-là, des chercheurs, des cliniciens fouillent le terrain, s’acharnent à le penser, en pure perte. La profession ne lit pas et les savoirs qu’elle produit ne sont pas repris. On préfère élaborer des protocoles.

Parfois même ceux qui auraient les connaissances pour le faire contribuent à cet oubli. Faute de se souvenir, de lire les contributions de ceux qui nous ont précédés, nous répétons, souvent en moins bien, ce qu’ils ont écrits. Ainsi ai-je lu, sur Infirmier.com un article de Betty Mamane, publié le 20 janvier 2023. Celle-ci présentait l’ADRpsy comme la première association pour la recherche en soins infirmiers en psychiatrie. André Roumieux et les collègues du GERIP décédés ont dû s’en retourner dans leur tombe. Je ne connais pas cette journaliste qui publie aussi bien sur la lèpre, la pédiatrie que la recherche infirmière en psychiatrie. S’il n’est pas nécessaire de connaître un sujet pour en parler, un peu de recherche bibliographique ne saurait nuire. Il faut convenir, à sa décharge, qu’il n’est pas si facile de retrouver les traces de ces chercheurs. On évoque volontiers la fonction « maternante » de l’infirmière, mais qui se souvient que celle qui l’a pensée, décrite, mise en musique en 1939 se nommait Gertrud Schwing, qu’elle fut la seule infirmière membre du cercle psychanalytique de Vienne. Ses travaux de recherche ne sont évidemment plus cités par personne. Nous ne faisons que reprendre en moins bien, moins pertinents des travaux réalisés auprès de patients schizophrènes auxquels étaient proposés des cures de Sakel.

Nous ne serons pas exhaustifs, certaines de ces associations n’ont existé qu’un printemps et n’ont pas survécu aux premiers frimas. Animées par des infirmiers très engagés voire parfois charismatiques (si, si ça existe), elles n’ont pas su, pas pu s’institutionnaliser et perdurer après le départ de leurs fondateurs.[1] Ainsi, à la fin des années 90, existait-il à Montpellier une association de recherche qui avait fait un joli travail sur la relation soignants/soignés et qui s’éteignit progressivement. Différents établissements se sont dotés de Groupes de Recherche en Soins Infirmiers (Le CHS des Murets à La Queue-en-Brie, le CHS Esquirol, le CHS Gérard Marchant, le CHS Cadillac, etc.). Certains se sont transformés, d’autres ont disparu. C’était souvent une histoire de personnes, la rencontre d’un infirmier général (directeur des soins aujourd’hui) qui avait une haute idée de la profession infirmière et se donnait les moyens d’encourager et de développer la recherche et de quelques infirmiers prêts à relever le défi, à s’investir dans la réflexion clinique, historique ou sociologique. Parmi ceux-ci on peut citer, encore une fois sans vouloir être exhaustifs, J-M Gercé, R. Isnard, D. Capdecomme. Lorsque le directeur des soins était remplacé par un autre, avec d’autres priorités (souvent soucieux de marquer son appartenance à l’équipe de direction plus que du soin), le groupe s’effilochait et progressivement ses traces dans la mémoire collective s’effaçaient.

La plupart des secteurs s’étaient doté d’une association régie par la loi de 1901. Outre le financement des activités de médiation, ces associations assumaient des actions de formation continue, parfois de recherche en soins. La loi Kouchner puis les différentes certifications (OGDPC, Datadock, Qualiopi) ont eu raison de nombre d’entre elles sans que la formation professionnelle et continue y gagne quoi que ce soit, bien au contraire. Ainsi l’AFREPSHA (Association de Formation et de Recherche des Professionnels des Hautes-Alpes) a-t-elle proposé des rencontres pluriprofessionnelles pendant plus de 30 ans (autour du 16 mars). La fine fleur de la psychiatrie française et internationale et leurs différents courants venait à la rencontre de soignants exerçant dans un « trou perdu ». Ces rencontres stimulaient les professionnels qui avaient à cœur de se montrer dignes de ceux qu’ils recevaient. Les Journées Soignantes qui étaient organisées à distance (en octobre) étaient l’occasion de présenter les réflexions et recherches de chaque équipe. Certains de ces travaux ont pu être présentés lors des Rencontres de Laragne et essaimé dans le réseau des associations culturelles. A moins de connaître l’existence de ces associations, leur sigle, il est quasiment impossible d’en retrouver la trace.  Le secteur XIV de Paris s’était, lui aussi, doté d’une association l’ACRL (Association Créativité, Réinsertion, Loisirs). Si son histoire est moins riche que celle de l’AFREPSHA, elle n’en a pas moins organisé, en mars 1994, la première journée française sur la Chambre d’isolement.

D’une manière générale, il n’est guère possible de retrouver les écrits et les contributions à la recherche de cette multitude de petites associations. Les moteurs de recherche bibliographique recommandés par l’université, aujourd’hui, ne permettent pas de les retrouver. On ne peut les retrouver qu’en en ayant entendu parler. Les revues professionnelles qui publiaient leurs contributions n’ont pas toutes numérisé leurs anciens numéros. C’est aussi pour cette raison que la mémoire des professionnels est tellement importante et qu’il faut se donner les moyens de la réveiller, d’en recueillir les fruits.  

Avant de présenter quelques-unes de ces associations, rappelons, qu’à l’exception de la SOFRIPA[2] qui s’est autopromue société savante, sans érudits, ni publications, ni discipline scientifique repérée, la création d’une association de recherche en soins ne se fait pas d’emblée. Ses futurs membres apprennent à se connaître en cherchant, tâtonnent, explorent, furètent, interviennent en public, publient enfin ; certains quittent le navire effrayés par l’énormité du travail à entreprendre, d’autres le rejoignent en cours de route. Il faut un peu de temps avant qu’un groupe se constitue. Le temps que des objectifs communs se dessinent, cimentent le groupe, que des liens affectifs de différentes formes se nouent entre chercheurs. Toute création de collectif soignant dédié à la recherche en soins, en psychiatrie comme dans les autres disciplines, est précédée par ce temps plus ou moins long. La création de l’association est tout autant l’aboutissement d’un lent processus que le début d’une démarche. Il en fut ainsi de l’association Serpsy (Soins, études et recherches en psychiatrie), de l’Adrpsy (Association pour le développement de la Recherche en Psychiatrie) et probablement de toutes les autres.

Le GERIP (Groupement d’étude et de Recherche des infirmiers psychiatriques)

En 1965, paraît Le Livre Blanc de la psychiatrie française sous l’égide du psychiatre Henri Ey. Les infirmiers se rendent compte qu’aucun infirmier n’a participé à cette rencontre, que son rôle se résume à trois lignes que J.O Conaly concrétise en disant de l’infirmier qu’il est le meilleur « médicament » du médecin. Seuls ceux qui n’ont pas lu les actes des rencontres du Groupe de Sèvres (1958) seront surpris. Le mépris de classe se porte bien chez les psychiatres. Ce déni de leur place suscite de nombreux remous chez les infirmiers qui commencent à se poser des questions sur la « relation » avec les patients qui leur sont confiés. Ils se trouvent face à l’inertie de patients gavés de neuroleptiques. « Je crois que je les aimais mieux avant, au moins on savait ce qu’ils pensaient, ils parlaient, tapaient, riaient, cassaient, mais ils étaient vivants, alors que maintenant, ils ont l’air d’automates sans réaction, sans visage humain. »[3] Les infirmiers de l’Aerlip[4] adresseront la même critique aux psychiatres à Auxerre, en 1974.

A l’été 1967, le Dr Broussolle, médecin-chef au Vinatier qui participe depuis deux ans aux sessions annuelles de l’organisme international des infirmiers psychiatriques à Heidelberg, en R.F.A. (République Fédérale d’Allemagne) prend contact avec les 5 infirmiers du Vinatier qui doivent se rendre à ce Congrès qui produira une profonde émotion, par contraste. Au moment même où le petit groupe quitte la France, le pays tout entier est indigné par le meurtre du petit Taron, tué par un certain Levêque, infirmier à l’hôpital psychiatrique de Villejuif. Cet acte a éclaboussé toute la profession qui n’avait pas besoin de ça. A Heidelberg : discours, débats, réceptions, banderoles affirment hautement la noblesse des infirmiers psychiatriques. Broussole, qui deviendra conseiller technique du groupe, poussé par le président de l’I.K.F est préoccupé par l’idée d’organiser le prochain Congrès en France. « A qui s’adresser ? Il faudrait une organisation équivalente, or il n’y en a pas. Demander aux C.E.M.E. A ? Ils ne peuvent pas, cela dépasse le cadre de leur organisation ; en effet, ils dépendent de l’Education Nationale et ne sont donc pas habilités à organiser un Congrès international pour les infirmiers psychiatriques.

Par ailleurs, un important courrier arrive, demandant non seulement qu’une réponse soit faite, mais encore une diffusion plus précise concernant le Congrès international : comptes rendus de ces journées, possibilités de visiter un hôpital psychiatrique allemand, pouvoir dialoguer entre infirmiers de nationalité différente.

La mise en commun de ces idées entraîne une petite équipe lyonnaise qui doit participer à ce Congrès d’octobre 1967, à préparer une réunion de francophones, afin de demander l’avis des participants. C’est donc, sans idée précise et sans plan très élaboré, que se réunissent dans un café du vieil Heidelberg autour d’une bière, des infirmiers psychiatriques. La petite arrière-salle mise à leur disposition est bien trop exigüe pour contenir tous les présents ; il faut bien le reconnaître, ils n’ont pas pensé un seul instant qu’une bonne trentaine de francophones participerait à cette rencontre au pied levé. Une sorte « d’atmosphère pré-Mai 68 » régnait dans la pièce, les questions fusaient de toutes parts.

- Les uns très inquiets : « Mais enfin, qu’est-ce-que vous voulez faire ? Vous voulez créer un groupe ? ».

- Les autres, enthousiasmés, reflètent l’opinion suivante : « Il faut que nous nous prenions nous-mêmes en charge ; il faut que nous sortions de notre isolement dans les hôpitaux psychiatriques ; nous nous encroûtons dans nos services où la routine et la chronicisation ont contaminé les équipes. »[5]

La petite équipe lyonnaise de trouve donc poussée par les participants à entreprendre une action : la première étant de servir au cours de ce Congrès de coordinateur, rôle qui est attribué au Dr Broussolle. Le rôle lui est dévolu pour plusieurs raisons : il est avec Henny Zilliox, un des deux délégués français du bureau international I.F.K ; tous les membres de l’équipe lyonnaise dont les différents membres ont fait connaissance au cours du Congrès sont logés au même hôtel ; les efforts de synthèse des phénomènes de groupe ayant eu lieu au cours de cette rencontre sont faits par quelques membres de l’équipe de Lyon, Dijon, St Alban. Une demande émane du groupe qu’une nouvelle réunion soit organisée avec la participation de tous les francophones présents.

Cette demande entraîne la création d’un collectif qui doit préparer cette rencontre afin de préciser ce « quelque chose » qu’attendent ou cherchent les uns et les autres. Le noyau réunit une vingtaine de Français. Une question émerge : « Nous ne sommes qu’un petit nombre d’infirmiers psychiatriques et nous ne savons pas si les collègues des autres hôpitaux psychiatriques partageront notre opinion. Alors pourquoi ne pas leur demander leur avis ? »[6]

Des infirmiers psychiatriques de Saint-Alban en Lozère, déjà riches en expériences de regroupements, s’avérèrent à la fois les plus convaincants pour l’entreprise et les plus précis quant à l’idée du projet naissant. Il fallait que ce soit un groupe infirmier, essentiellement axé sur la fonction infirmière en hôpital psychiatrique, dont le but serait l’amélioration des soins aux malades mentaux, sans aucune dépendance politique, confessionnelle ou syndicale. « Il fallait que les infirmiers puissent se rencontrer et sortir de leur isolement, sinon le malade, lui, ne sortirait jamais de l’asile. »[7] Il est remarquable que dès 1967, les infirmiers aient fait le lien entre isolement des infirmiers et isolement des malades. En 2023, ce lien n’est plus du tout fait.

Quelques infirmiers de Dijon, avec une expérience de vie de groupe pour avoir créé une amicale qui fonctionnait bien et qui possédaient des talents d’organisateurs, prirent l’organisation de cette rencontre francophone en mains. Un questionnaire serait diffusé ; chacun des représentants des hôpitaux psychiatriques participant à ce Congrès s’engageait à diffuser le plus largement possible ces questionnaires. En fonction du pourcentage des réponses dépouillées à Lyon, on prendrait une décision en commun : soit un représentant par région puisque les frais allaient être à la charge de celui qui se déplacerait.

Quatre-vingt-huit hôpitaux sur environ cent-trente établissements psychiatriques ont répondu au questionnaire. Neuf cent vingt-trois questionnaires furent remplis (sur 2000 distribués). Parmi les réponses 91,6 % étaient favorables à un regroupement. Un groupe d’Etudes et de Recherche fut donc créé.

L’article 2 des statuts énonçait ses objectifs :

« Cette association a pour objet de rassembler les infirmiers et infirmières psychiatriques dans le but de :

  1. Favoriser l’évolution et le perfectionnement des infirmiers psychiatriques par des rencontres, des congrès, des colloques, des conférences, des cours et des publications, en vue d’améliorer les soins aux malades mentaux.
  2. Etudier les problèmes relatifs à la formation professionnelle des infirmiers psychiatriques.
  3. Informer le public du rôle des infirmiers psychiatriques
  4. Susciter des rapprochements entre infirmiers psychiatriques sur le plan international et notamment en participant aux activités de l’association internationale d’infirmiers et d’infirmières et de travailleurs sociaux dans le domaine de la psychiatrie : I.K.F. »[8]

Le G.E.R.I.P propose un plan d’action qui aura pour premier but de rompre l’isolement dans lequel se trouve l’infirmier psychiatrique, puis d’essayer de définir la profession d’infirmier et de voir quel est son avenir. Ainsi le « quelque chose » n’était plus seulement un regroupement « pour sortir d’un isolement, d‘une ignorance » mais un rassemblement pour améliorer les soins aux malades mentaux. Pour cela acquérir un savoir, donc :

  1. Développer des ressources rudimentaires, emprunter et adapter celles que possèdent les professions voisines ;
  2. Conceptualiser dans le cadre d’une culture propre ;
  3. Réaliser une meilleure coordination des concepts de base ;
  4. Planifier la recherche face à la multitude des problèmes soulevés, des approches et des aspects qu’ils représentent ;
  5. Favoriser la communication et les échanges internationaux pour s’avoir ce qui se fait ailleurs, et éventuellement s’en inspirer ;
  6. Eviter les efforts dispersés, et renforcer la coopération des différents « spécialistes » travaillant en équipe pluridisciplinaire dans le cadre du même projet.

Le plan d’action se traduit en programme : « Nous devons partir d’ici avec un plan de travail car le groupe doit être un élément de vie et de dynamisme. Il sera jugé sur ses actes et ses réalisations. Il ne peut vivre qu’avec chaque section. Il sera ce que nous le ferons, nous infirmiers psychiatriques. » Ce programme est publié dans le numéro 1 du bulletin, organe de liaison dont le lancement s’avère être d’une nécessité absolue. Il fait la synthèse des idées recueillies dans les réponses aux premières questions du sondage.

Donc,

  • L’infirmier psychiatrique veut à son tour réfléchir sur son métier

La psychiatrie, science en pleine évolution, étend ses domaines, revêt des aspects multiples qu’il est difficile pour chacun, de saisir (énumération des problèmes de l’enfance, du secteur, prisons, reclassement professionnel, etc.).

La coupure entre psychiatrie et médecine s’atténue, les échanges dans les deux sens se multiplient (infirmiers psychiatrique allant à l’hôpital général, consultations psychosomatiques, psychiatrie introduite à l’hôpital général, etc.).

La psychiatrie évoluant, la profession d’infirmier psychiatrique évolue nécessairement.

Qu’est-ce que la profession d’infirmière psychiatrique ?

Le rapport de l’OMS est technique, il dessine un profil de l’infirmière psychiatrique contradictoire qui, dans la pratique, se trouve mal défini. Que sont-ils, quel avenir leur est réservé ?

Devenir suppose la possibilité d’une formation continue et initiale.

Quels moyens de formation ? Ils sont rares et ne touchent qu’un trop petit nombre d’infirmiers psychiatriques. Les malades mentaux ne seraient-ils pas mieux soignés si ceux qui en ont véritablement la charge se reconnaissaient davantage dans leur spécialité ? Les idées tournent autour de la profession mais les infirmiers participent peu à ce travail de recherche alors qu’ils sont directement concernés. Ne devraient-ils pas apporter leur propre réflexion à l’édification des nouvelles conditions de la profession.

La création d’un regroupement professionnel des infirmiers psychiatriques, justifié du fait de l’absence totale de support technique véritable de la profession, doit permettre de parvenir à une plus grande autonomie de réflexion de la part du personnel soignant.

  • L’infirmier psychiatrique veut rompre son isolement
  1. Quelles possibilités existe-t-il pour favoriser les contacts au sein de l’équipe soignante, au sein des autres services, des autres hôpitaux, des autres corps professionnels, dont le sillage se recoupe avec celui des infirmiers psychiatriques ?
  2. Il faut faire l’inventaire des possibilités dont il dispose. Il faut se fixer certains objectifs.
  3. Intensifier la participation aux mouvements existants qui concernent plus ou moins directement la psychiatrie et les soins psychiatriques (CEMEA, supports pédagogiques –Ecole des parents, Travail et culture), organismes à dénominateur psychiatrique commun UNAFAM, ADAPEI, Croix Marine, Ligue d’Hygiène mentale, etc.
  • […]

Le premier congrès du GERIP est organisé à Dijon sur le thème : « La psychiatrie moderne et l’infirmier à propos du livre blanc des psychiatres français ». Ces journées nationales d’études et de travail intensifs font la synthèse des travaux partiels des équipes et d’autre part, par leurs échanges, contribuent à faire apparaître l’existence de l’entité propre et autonome, non médicalisée, que sont les soins infirmiers dans la prise en charge des malades mentaux.

Les thèmes des rencontres :

  • 1968 : Le livre blanc de la psychiatrie française et les soins infirmiers
  • 1969 : La formation de base des infirmiers psychiatriques
  • 1970 : La formation continue
  • 1971 : L’avenir du malade mental dans la société
  • 1972 : Les motivations de l’infirmier psychiatrique
  • 1973 : Le secteur
  • 1974 : Les répercussions des grands courants psychiatriques sur le personnel soignant et sur ceux qui lui sont confiés
  • 1975 : Prise en charge du malade. Préparation à sa réinsertion et sensibilisation du public.

A la différence majeure de leurs consœurs des soins somatiques, les infirmiers psychiatriques pensent l’équipe et le groupe. L’ouvrage s’achève par une analyse groupale de la naissance et du développement du G.E.R.I.P.  

Ainsi que l’écrit A. Castéra : « C’est là une démarche d’autonomie et de prise de liberté concrète par rapport à la tutelle paternaliste des psychiatres, et la sortie d’une dépendance quelquefois mortifère. C’est par ce type de chemin emprunté par le gerip que les infirmiers psychiatriques pourront plus tard définir leur rôle propre dans la prise en charge des malades mentaux, rôle non défini par les médecins et indépendant de leur autorité ou de leurs prescriptions. »[9] Reconnu d’utilité publique en 1973, le GERIP se scinde en deux en 1976 : le GERIP en tant qu’organe de réflexion et d’études (qui n’existe plus) et l’INFIPP (Institut National de Formation des Infirmiers et du Personnel Psychiatrique) organisme de formation continue, toujours actif.

 

L’AERLIP (Association pour l’Etude et la Rédaction du Livre blanc des Institutions Psychiatriques).

L’Aerlip était-elle une association de recherche en soins ? Ce point peut-être discuté. Les rares qui en parlent aujourd’hui mettent en avant les aspects politiques réels du combat de ces infirmiers de secteur psychiatrique. Qui lit l’ouvrage produit sera frappé par la qualité de certains textes qui décrivent des réalités et des modes d’action encore très peu pensés aujourd’hui.

Nous renvoyons nos lecteurs à nos présentations de l’AERLIP sur le site serpsy.

Des infirmiers psychiatriques prennent la parole (serpsy1.com)  

Zilliox (H), On les appelait "gardiens de fous" (serpsy1.com)

Si les CEMEA (Centres d’Entraînement aux méthodes d’éducation actives) ont été le premier (et  plus important) organisme de formation à accueillir les ISP, ils n’en sont pas pour cela une association de recherche en soins. Le CEFISM (Comité d’Entente des formations infirmières en santé mentale), fondé en novembre 1984 n’était pas davantage un groupe de recherche en soins, pas plus que l’ANFIP (créé en 1982 par un groupe d’infirmiers du CMP Sainte-Marie de Clermont-Ferrand), l’ASCISM (Association des cadres infirmiers en santé mentale) créé en janvier 1987 qui considère comme fondamental le rôle de l’encadrement dans la gestion et l’organisation des soins, la promotion des formations, la recherche ou même l’AIPEP (Association des infirmiers psychiatriques pour l’évolution de la profession) fondée au CHS de Villejuif en 1987.

L’AREPSI (Association pour la recherche, l’enseignement et la promotion du service infirmier)

Organisée à partir du Centre de Formation du CHS de Ville-Evrard, reconnue d’utilité publique en 1992, l’AREPSI développe l’essentiel de son activité dans le cadre d’actions de formation continue, l’organisation de journées et l’animation de séminaires dont un depuis 1987 consacré à l’histoire des pratiques soignantes sociales et éducatives.

Toujours à Ville-Evrard, la Société d’Etudes et de Recherches historiques en Psychiatrie (SERHEP) a été fondée, entre autres, par André Roumieux. Elle s’emploie à faire connaître l’histoire de la psychiatrie et de la folie en la restituant dans le contexte de l’histoire des villes et des sociétés, et celui des changements sociaux, philosophiques, politiques, urbains, économiques.

La SERHEP a créé à Ville-Evrard un Musée d’Art et d’Histoire de la Folie et de la Psychiatrie, ouvert tous les vendredis après-midi de 14 heures à 18 heures et sur rendez-vous pour les groupes. Elle met en place des conférences, des journées thématiques et organise la collecte et la sauvegarde des objets, témoignages et documents du passé de la psychiatrie. Ses membres rédigent des articles sur les découvertes historiques de l’association.

PRISME (Promouvoir la Recherche en Santé Mentale)

Créée, en 1989, à l’initiative d’infirmiers travaillant dans les services de l’hôpital général de Lagny (77), l’association a pour objet de promouvoir la réflexion, voire une recherche infirmière à partir des ressources locales, de favoriser l’ouverture sur l’extérieur de la structure et en direction des autres professionnels de santé, d’organiser des manifestations à caractère formatif. Sa première journée d’études, en 1989, a été dédiée à la question du référent dans les soins infirmiers. C’est lors de leur deuxième journée, en 1990, que j’ai réalisé ma première intervention en public. Le thème en était : « Qu’est-ce qui nous autorise à penser qu’une activité quelconque est thérapeutique ? ». Un bulletin semestriel et une information mensuelle alimentaient la réflexion des adhérents.

Du Groupe de Recherche en Soins du XIVème secteur de Paris à Serpsy (Soins Etudes et Recherche en Psychiatrie)

Le Groupe de Recherche est né en 1991 au Centre Hospitalier Esquirol de Saint-Maurice dans le Val-de-Marne. Quatre soignants[10] étaient insatisfaits « par le morne ronron clinique de [leur] secteur lequel avait été un des plus innovants en d’autres temps. » [11] Aussi quand Marc Windisch, le nouveau médecin-chef du secteur, déclara en réunion qu’il co-créait en 1992, des Journées scientifiques et techniques, à Esquirol et qu’il cherchait des soignants susceptibles d’y intervenir en mars 1992, j’ai levé le doigt. Je fus le seul. J’étais en colère, comme la légende l’affirme. Je voyais dans ces journées l’opportunité de faire savoir, en public, à l’administration de l’établissement ce que je pensais de sa façon de gérer les ressources humaines, notamment en matière de formation continue. Un objectif bien mesquin pour une grande aventure. Réaliser un travail de recherche dans le cadre de ces Journées scientifiques, montrerait que les infirmières aussi pouvaient investir ce champ. Marie Rajablat et Anne-Marie Leyreloup sont venues papoter après la réunion, et, nous avons commencé à poser quelques jalons pour réfléchir à cette communication. Nous avions six mois pour la mener à bien.

Une première réunion mobilisa soixante soignants, aides-soignants et cadres du secteur, ce qui était considérable et montra l’adhésion du plus grand nombre au projet. La deuxième ramena ce nombre à trente-huit. Il s’agissait de réfléchir à nos pratiques et éventuellement de structurer une recherche infirmière sur celle-ci. Un petit groupe de soignantes, essentiellement mobilisées par l’histoire de leur profession et par une exigence de réflexion sur leur pratique a été le moteur de ce travail. J’achevais mon mémoire de maîtrise, Marie Rajablat était inscrite à la MST depuis un an et Anne-Marie Leyreloup préparait le diplôme de conseillère de santé à l’Institut ISIS. Le groupe a souhaité travailler sur un aspect commun à la pratique de toutes les infirmières quel que soit leur lieu d’exercice. Différents aspects furent envisagés et rejetés car non partagés par toutes. Un consensus finit par se trouver : « Que l’on soit infirmier en unité de soins, en centre d’accueil et de crise (CATEB), en hôpital de jour ou en CATTP (Centre d’Accueil Thérapeutique à Temps Partiel), que l’on fasse des visites à domicile ou qu’on accomplisse un travail éducatif autour d’appartements relais, on est conduit, même si on ne le distribue pas, à parler avec les patients de leur traitement, à leur donner des informations concernant leurs médicaments. »[12] Il s’agissait donc d’évaluer non pas le traitement et son observance, mais ce que les patients connaissaient sur ses effets, sa posologie et ses effets secondaires et de vérifier si ces connaissances correspondaient à ce que les infirmières leur en expliquaient.

Après avoir effectué une recherche bibliographique nous avons construit deux questionnaires avec réponses «oui, non, ne sait pas». Un de ces questionnaires était destiné aux patients, l'autre aux infirmières.

Le questionnaire «patient» était divisé en trois parties : l'une centrée sur la qualité de l'information telle que les patients la perçoivent; la seconde, plus précise testait les connaissances des patients sur les somnifères, les neuroleptiques sédatifs et incisifs, sur leurs modalités de prise, sur les effets thérapeutiques et secondaires; la troisième remplie par les soignants précisait placement, lieu et temps de suivi, niveau d'étude et description de l'état psychique du patient à partir des items 4,11,12,14,15 du Brief Psychiatric Rating Scale.

Du 8 décembre 1992 au 15 janvier 1993, 33 patients psychotiques (sur 38 pressentis) ont répondu à ces questionnaires, soit 16 en extrahospitalier et 17 en intra-hospitalier. Si statistiquement ce nombre paraît peu important, il nous apparaît à nous considérable, dans le sens où c'était la première fois qu'un tel sondage était effectué dans notre secteur. La plupart des patients y ont répondu avec enthousiasme, les soignants (médecins et infirmiers) se sont avérés assez peu réticents contrairement à ce que nous aurions pu imaginer.

La population cible était constituée de patients schizophrènes pris en charge par le XIVème secteur de Paris, hospitalisés depuis au moins deux mois à l'hôpital (c'est-à-dire interrogés à un moment où la situation de crise était moins aiguë) ou suivis en extrahospitalier depuis au moins six mois. Ces patients avaient donc tous reçus des informations concernant leur médicament.

Le choix des patients a été fait en collaboration avec les différents médecins du secteur ; tous les patients momentanément fragilisés, et ceux que ce questionnement auraient pu déstabiliser ont été écartés. N'ont pas été retenus les patients persécutés, ceux qui vivaient leur traitement comme un poison, ceux qui s'imaginaient être enregistrés par des micros, etc. Nous pouvons noter que parmi les cinq refus de répondre au questionnaire nous trouvons trois patients avec idées de référence et délire flou de persécution (cf. BPRS).

Vingt-deux infirmières ont répondu au questionnaire qui leur était adressé. Nous avons écarté tous les infirmiers qui avaient (en raison de leur participation aux Journées Scientifiques) eu connaissance des résultats provisoires de cette enquête, ceci risquant de modifier leurs réponses. Ce questionnaire a été fait de telle manière qu'il recoupe le questionnaire patient.

Après nous avoir invités à présenter nos travaux à l'occasion d'un séminaire, le médecin-chef et la surveillante-chef du XIIème secteur de psychiatrie de Paris ont souhaité soumettre nos questionnaires aux soignants et aux patients de leurs secteurs. Si 30 infirmiers y ont répondu, seuls trois patients l'ont fait.

La recherche a mis en évidence que les patients interrogés connaissaient leur traitement, ses effets thérapeutiques et secondaires. A une exception près (un ancien visiteur médical), les connaissances des patients recoupaient les informations données par les soignants. Un seul produit dérogeait : l’haldol®, un neuroleptique incisif, prescrit contre les hallucinations. Expliquer à un patient que son médicament combat les voix suppose de lui parler de ses perceptions et d’en qualifier certaines d’hallucinations. Il faut que le patient ait suffisamment d’insight pour en convenir et que la relation établie avec l’équipe ou le soignant soit de qualité suffisante pour qu’il puisse accepter la définition de lui-même, de son rapport au monde et à l’autre que cela implique. Il faut donc interroger la qualité de l’alliance thérapeutique et/ou du transfert et le travail d’élaboration psychique accompli par le patient avec l’équipe soignante.

Dans les années quatre-vingt-dix on ne parlait pas encore d’éducation thérapeutique[13], les psychiatres annonçaient peu le diagnostic et préféraient utiliser le terme générique de psychose. Le groupe s’est donc mis en quête de supports d’information. Après avoir fait le tour de l'existant, et s’être rendu compte qu'il n'existait pas en France de films didactiques sur les psychotropes destinés aux patients, les chercheurs ont écrit un scénario à partir des situations décrites par les patients, l’ont tourné dans le douzième arrondissement de Paris (cadre de vie des patients suivis) ; les soignants (infirmiers et médecins) ont joué leur propre rôle. Les patients ont été incarnés par des comédiens membres d’une troupe amateur dont faisait partie l’infirmière qui a filmé et réalisé le film, Danielle Leblanc. Vivre en ville, le film, suit deux patients à partir de leur sortie : l'un Bernard Dupont (probablement psychotique) quitte une unité de soins après deux ans d'hospitalisation, l'autre, Mme Durand, dépressive quitte le CATEB après un séjour d'une semaine. Le film montre leur parcours, les problèmes liés au traitement rencontrés par ces deux patients : au niveau des repas, de la prise d'alcool, du sommeil, de la nécessité de prises régulières, de l'importance des posologies et de leur répercussion sur la vie extérieure, des problèmes dentaires, des problèmes sexuels tant sur l'acte sexuel lui-même que sur la possibilité de mener une grossesse à terme. Il décrit également le fonctionnement d'un secteur psychiatrique, les rencontres avec différents intervenants infirmiers et médicaux. Ce film qui illustre les difficultés rencontrées après la sortie de l'hôpital était un prétexte à des rencontres organisées au C.H. Ces réunions étaient animées par les membres du groupe de recherche en collaboration avec les infirmiers des unités de soin. Le film a été achevé en avril 1994.

Il présentait un intérêt institutionnel. Il constituait d'une certaine façon une carte de visite du XIVème secteur. Il valait engagement de l'ensemble des intervenants, médecins et infirmiers, à informer les patients. Il contribuait en décrivant le travail infirmier dans quelques-unes de ses nombreuses composantes (unités de soins, CATEB, dispensaire et visites à domicile) à proposer aux soignants une image valorisante d'eux-mêmes.

S’il devenait possible d’informer les patients à partir d’un outil, à notre main, il était toujours difficile de mettre en travail la problématique des hallucinations. Il fallait donc fabriquer un outil ad hoc. L’opportunité se présenta lorsque je pris part à un panel organisé par le laboratoire Lily dans le cadre du lancement du zyprexa®. Soucieux de mieux communiquer, le marketing du laboratoire cherchait à s’assurer la collaboration des infirmières en se mettant à l’écoute de leurs besoins. J’insistais sur la nécessité d’élaborer des outils destinés à améliorer la connaissance du traitement par les patients. Apparaissant dans trois panels différents, avec l’appui final de la revue Santé Mentale, je réussis à faire entendre ce besoin. Il devint possible de rédiger un fascicule spécifiquement destiné aux hallucinations dont le titre : « C’est étrange autour de moi » permettait d’entrer en douceur dans la thématique. Que des infirmières expliquent la maladie aux patients n’allait pas de soi à l’époque. Le laboratoire fut davantage à l’écoute des soignants que la plupart des institutions officielles qui encadraient les soignants, toutes restées sourdes à notre proposition. Un groupe d’infirmières fut donc constitué, sous l’égide du laboratoire, avec un psychiatre comme garde-fou. Le psychiatre, effrayé par les audaces du groupe de travail, le quitta à la fin du premier fascicule qui était destiné à être distribué gratuitement par les visiteurs médicaux. Il sortit en 1998. Le succès fut tel qu’il fit des petits. Quarante mille exemplaires en furent imprimés. Mis à disposition sur le site internet créé pour l’occasion, il fut téléchargé onze mille fois. Les patients et leurs familles s’emparèrent des différents opus de la collection qui en naquit[14]. Différentes thématiques furent abordées : le traitement médicamenteux, la crise, la schizophrénie, la rechute, la gestion du quotidien, la violence, etc. Les infirmières, désireuses de s’investir dans la psychoéducation puis dans l’éducation thérapeutique du patient, les utilisèrent abondamment. Le deuxième fascicule fut rédigé par une équipe réduite : la psychiatre Pierre-Ludovic Lavoine et moi-même. Je rédigeais les deux derniers seul. L’ensemble des fascicules fut actualisé entre 2009 et 2011.

Les différents développements décrits ont pour source la première recherche initiée par ce qui allait devenir le Groupe de Recherche en Soins du XIVème secteur de Paris. Les premières étapes du travail furent donc présentées lors des 1ère Journées Scientifique du C.H. Esquirol. En 1993, la recherche obtint le 1er prix au 1er Palmarès des Equipes de Soins Infirmiers, spécialité psychiatrie, organisé par le magazine Profession Infirmière. Elle portait pour titre « Limites du diagnostic infirmier en psychiatrie ». Soucieux d’éviter tout clivage avec nos collègues de soins somatiques, nous avions inscrit une partie de notre réflexion dans le cadre de la démarche de soin et des diagnostics infirmiers. Le travail proposé à Profession Infirmière était le fruit de cette ouverture. En 1994, nous avons également été lauréats du prix Michel Sapir (ex aequo). Le concours avait pour thème : « Les incidences inconscientes dans la relation soignant-soigné ». L’écrit présenté avait pour titre : « L'information donnée au patient psychotique sur ses médicaments : interactions soignant/soigné ». Outre la reconnaissance auprès de nos pairs que ces prix nous occasionnèrent ils s’accompagnèrent d’espèces sonnantes et trébuchantes qui nous permirent de financer nos différents projets. A cette occasion, nous posâmes la règle que l’argent gagné collectivement servirait à financer la recherche (films, ouvrages, déplacements, hébergement, etc.) ou profiterait aux patients via l’association du secteur (qui finançait activités et sorties thérapeutiques). Plus intéressant encore, Marie-Hélène Manillier, rédactrice-en-chef de Profession Infirmière, créa une maison d’édition, Les Editions Hospitalières et nous proposa d’écrire un ouvrage à partir de notre recherche. Nous relevâmes le défi. Il en fut tiré 1500 exemplaires. Les droits d’auteurs furent versés à l’association.

Reconnus à l’extérieur de l’établissement, titulaires de maîtrises puis bientôt d’un D.E.A, autonomes financièrement, nous pûmes négocier notre statut. Si au début de la recherche nous ne bénéficiions que d’une matinée par semaine pour les réunions, recherches bibliographiques et élaboration, ce temps augmenta au fur et à mesure des avancées du travail et de la reconnaissance collective générée. En octobre 1994, le groupe de recherche fut créé officiellement au sein du XIVème secteur de Paris : un temps plein infirmier réparti sur trois têtes : D. Friard (1/2 temps), Marie Rajablat (1/4 temps) et Anne-Marie Leyreloup (1/4 temps). Les apports de la recherche étaient tels au niveau de l’ambiance du secteur, de la qualité du travail accompli tant par les chercheurs que par les infirmières du secteur que le médecin et la surveillante-chef décidèrent de « sacrifier » un poste infirmier. Mon deuxième mi-temps était consacré à la création d’une dynamique de réflexion et de soins autour de la vie quotidienne. Très vite J-M. Gercé, la directrice des soins, valida le choix du secteur et la recherche en soins fut considérée comme une Unité Fonctionnelle. 

Différents travaux de recherche virent le jour et donnèrent lieu à publication d’articles et d’ouvrages : la toilette (M. Rajablat), l’entretien infirmier (A-M Leyreloup), la chambre d’isolement (D. Friard).  

Si le rôle et la fonction des chercheurs étaient claires au sein du XIVème secteur puis au du C.H. Esquirol, leur statut était plus problématique, surtout dans le contexte parisien des années 97-98. Cette unité fonctionnelle devait avoir un cadre à sa tête. Les chercheurs travaillaient en lien avec le médecin chef et la surveillante-chef du secteur XIV puis en lien direct avec J-M Gercé, la directrice des soins. Ils évaluaient annuellement leur activité et rendaient compte de ce qu’ils faisaient à qui voulait. Il aurait suffi qu’une de ses membres deviennent cadre pour résoudre momentanément le problème mais chacun excluait d’endosser cette fonction. Ils se refusaient à avoir une position hiérarchique vis-à-vis de leurs collègues. Il leur fallait expliquer, convaincre et ça leur convenait parfaitement. J-M Gercé avait élaboré une fiche de poste et l’avait transmise au ministère de la santé. Elle s’était inspirée du système d’infirmières cliniciennes suisses mais rien n’y avait fait. L’appellation avait été préemptée par M-T Bal Craquin et seules pouvaient s’en prévaloir les infirmières diplômées de son école, l’ULESI (Université Libre En Soins Infirmiers). C’est dans ce contexte que D. Friard et M. Rajablat décidèrent de quitter Esquirol et donc le groupe de recherche. L’activité de recherche n’était pas menacée, A-M Leyreloup était prête à prendre le relais et finalement à faire l’école des cadres à Montsouris, Emmanuel Digonnet avait rejoint le groupe qui fonctionnerait sur deux têtes au lieu de trois.

Dans ces années 97-98, la recherche en soins n’était guère reconnue. Les administrations ne se bousculaient pas pour recruter des infirmières avec diplôme de deuxième et troisième cycle. Surtout lorsqu’en plus elles publiaient. Marie Rajablat fut recrutée au Centre Hospitalier Gérard Marchant, à Toulouse comme infirmière, la directrice des soins D. Capdecomme ayant dans l’idée de favoriser la recherche en soins infirmiers, elle créa assez vite le CRESI (Centre de Recherche en Soins Infirmiers). Après avoir écrit dans tous les établissements du Sud de la France, je fus embauché par Rémy Isnard qui faisait fonction de directeur des soins sur un double poste : infirmier d’unité de soin à mi-temps et formateur chargé de la mise en place de la démarche de soins dans l’établissement à mi-temps. La création d’ALEDS (Association Laragnaise d’Exploration en Démarche de Soins) concrétisa ma contribution à la recherche. Nous décidâmes donc de créer une association pour pouvoir continuer à travailler collectivement et mettre nos avancées en commun. C’est ainsi que naquit l’association SERPSY (Soin Etudes et Recherche en PSYchiatrie). De nombreux anciens étudiants de la M.S.T.  en furent membres et publièrent sur le site Serpsy.

L’histoire de la maîtrise en Santé Mentale, du Groupe de recherche du XIVème secteur puis de Serpsy présente de nombreux traits communs avec celle de l’EIEIS : création d’un groupe de recherche en soins au sein du CHS Esquirol, publication d’un premier ouvrage collectif en 1994, création d’une collection (Souffrance Psychique et Soin) aux Editions hospitalières puis chez Masson, publication de nombreux ouvrages écrits principalement par des infirmières souvent anciens élèves de la MST. Si l’EIEIS contribua à la création de revues, les membres de l’association Serpsy qui succéda au GRSI du XIVème secteur de Paris lorsque ses membres se dispersèrent investirent les comités de rédaction des revues existantes : Anne-Marie Leyreloup (présidente de Serpsy) à V.S.T. (Vie Sociale et Traitement), Marie Rajablat (vice-présidente) à la toute jeune revue Santé Mentale et Dominique Friard (vice-président) rédacteur-en-chef adjoint à Soins psychiatrie (1995-2001) puis Santé Mentale (depuis 2001). Ils créèrent le site Serpsy en 1998 et mirent en place un forum qui connut un grand succès, s’y retrouvaient soignants, soignés, familles, étudiants des différents domaines du soin. Ils contribuèrent ainsi au développement d’une littérature infirmière en psychiatrie qui se traduisit par la publication de nombreux ouvrages, la rédaction de centaines d’articles consacrés au soin, soit en les rédigeant directement, soit en les suscitant.

Vingt-cinq ans plus tard, l’association Serpsy est toujours active et vivante. Elle propose chaque année, au Centre Hospitalier de Montperrin, à Aix-en-Provence, une journée de réflexion gratuite à quelques 200/230 personnes. Le thème choisi, un an à l’avance, est déplié en six interventions et un happening qui invite les spectateurs à se faire spectacteurs selon la jolie expression d’Augusto Boal. Ateliers écriture, sculptures d’équipe, clowns, théâtre-forum, films les invitent à se décentrer et à « mouiller la chemise ». L’association rassemble toujours des infirmiers psychiatriques et des cadres mais elle s’est ouverte aux autres professionnels du soin (éducateurs spécialisés, psychologues, art-thérapeutes, ergothérapeutes, psychiatres, psychomotriciens). Des usagers ont parfois été membres de son bureau.

Sur un plan politique, ses membres ont participé à différents travaux sur la chambre d’isolement et la violence dans les soins (HAS, ministère de la Santé, Chambre des députés, CGLPL, etc.).  

Du GRSI à l’ADRPsy (Association Pour le Développement de la Recherche en Psychiatrie)

Le Groupe de Recherche en Soins Infirmiers (GRSI) a été créé en 2006 par un groupe d'infirmiers issus des trois établissements de santé mentale du Rhône. L'objectif initial de la création de ce dispositif était de soumettre un devis de recherche auprès du Conseil Scientifique de la Recherche du Centre Hospitalier Le Vinatier. En Février 2012, le rapport de recherche définitif « L'impact de l'informel dans le travail infirmier en psychiatrie » par Jean-Paul Lanquetin et Sophie Tchukriel est publié[15]. Cette recherche n’est pas une simple recherche/action qui porte sur un aspect technique du soin en psychiatrie, elle modifie en profondeur nos représentations du soin et me semble plus proche d’une nouvelle théorie de soins que d’un simple outil à utiliser pour améliorer les soins, même si via le socle care elle peut aussi être utilisée de cette façon. L’absence de lieu où déposer nos travaux, les apprécier, les recommander, les discuter nous interdit d’en partager l’aspect révolutionnaire. Mais petit à petit, la théorie de l’Informel fait son nid.

En 2014, des locaux dédiés au GRSI sont ouverts au sein du Centre Hospitalier de Saint-Cyr au Mont d'Or. Les objectifs de cette implantation sont de diffuser les résultats de recherche, de promouvoir une culture de la recherche en soins et d'organiser des Rencontres de la Recherche en Soins. Jean-Paul Lanquetin en est l’âme. Contraint de quitter St-Cyr au Mont d’Or, en raison des errances et des abus du directeur de l’établissement, il réussit à prolonger l’aventure de ces journées en s’autonomisant de tout établissement hospitalier grâce à un partenariat avec le GRIEPS (Groupe de Recherche, d’Interventions et d’Enseignement auprès des Professionnels de Santé), créé en 1976 par d’anciens élèves de l’EIEIS.

Le GRSI, c'est 170 conférences données dont 10 internationales, ainsi que plus de 40 articles dont 25 publiés.

Missions internes :
  • Accompagnement de mémoires d'étudiants (IFSI, IFCS, Master, D.U....)

  • Lien avec le groupe de tutorat des professionnels

  • Travaux de réflexion autres (exemple du moindre recours à l'isolement et à la contention)

Missions externes :
  • Participe en tant qu'expert à des groupes de travaux à la Haute Autorité de Santé

  • Participe à des conférences autres (exemple du moindre recours à l'isolement et à la contention)

  • Participe à des jurys de P.H.R.I.P.

  • Participe au sous-COPIL en Psychiatrie (Comité de Pilotage) au ministère

  • Participe à des Comités Scientifiques

  • Participe à la coordination nationale de recherche en psychiatrie

  • Forme à la Recherche en Soins Infirmiers auprès des IFSI, IFCS, D.U., Master

 

La création de l’ADRPsy a été précédée par 7 années de Rencontres de la Recherche en Soins en Psychiatrie. Plus de 200 personnes venant d’un nombre croissant d’établissements hospitaliers se retrouvent dans un cadre convivial pour échanger autour de leurs recherches, suivre l’évolution des travaux des collègues, présenter des posters. Dès les premières journées, Jean-Paul Lanquetin et son complice L. Rohr puis le Comité scientifique invitent des chercheurs suisses, belges, canadiens et finlandais à exposer leurs travaux et réflexions. En 2021, ont eu lieu les 7èmes Rencontres de la recherche en soins en psychiatrie. Elles mobilisent plus de 70 établissements et activent un réseau de plus de mille professionnels. Des chercheurs en soins, venant de toute la France, de Suisse, de Belgique et même du Canada s’y rencontrent et échangent autour de leurs recherches respectives. En 2020, plusieurs thèmes ont structuré les recherches présentées : « Recherche en soins : autonome ou sous tutelle ? » ; « Soins infirmiers psychiatriques et mesures de contraintes, quels vécus chez les patients ? » ; « Etude du processus réflexif lors du passage de la formation à l'emploi des infirmiers en France » ; « Les apprentissages informels en psychiatrie aujourd'hui » ; « L’entretien infirmier, quelles représentations chez les patients ? », etc. Ces Rencontres de la recherche en soins en psychiatrie, auxquelles s’associe le GRIEPS, montrent que la recherche infirmière en psychiatrie est une réalité bien vivante malgré les nombreux obstacles dressés sous ses pas.

Fin 2022, des professionnel engagés dans la promotion de la recherche en soin psychiatrique, mais plus largement, dans l’amélioration et la valorisation des pratiques soignantes, ont créé l’ADRpsy.

Le développement de la recherche en soins en psychiatrie au cours des dix dernières années a été marqué par la montée en puissance de la qualité et de la richesse des projets de recherche. L’implantation et l’ancrage de la Recherche en Soins est aujourd’hui significatif et acquis. Le déploiement d’une culture de recherche en soins est à l’œuvre mais doit être soutenu.

Forte de ces constats, l’ADRpsy (Association pour le Développement de la Recherche en soins en psychiatrie) se propose de rassembler des infirmiers et soignants qui se distinguent par leur curiosité, leur rigueur, et qui œuvrent à leurs travaux ou projets de recherche dans un contexte souvent peu propice. « Nous, membres fondateurs, cherchons à interroger un nouveau paradigme entre les approches explicatives et compréhensives, déductives/inductives et entre « les pratiques fondées sur des preuves » et « des preuves fondées sur les pratiques ». Notre volonté reste avant tout d’interroger rigoureusement nos soins au bénéfice des patient.e.s. »

Les objectifs de l’association sont :

  • Promouvoir, produire, soutenir et développer la recherche des métiers de la santé en psychiatrie et santé mentale.

  • Approfondir la réflexion épistémologique, méthodologique et praxéologique.

  • Diffuser une culture de recherche

  • Se positionner comme interlocuteur des politiques publiques.

  • Être centre ressource pour les établissements de santé.

  • Favoriser l’émergence de rencontres et de partenariats de recherche francophones et internationaux.

  • Organiser des journées de manifestations, ponctuelles ou annuelles.

 

Certains de ces objectifs sont ou ont été partagés par les associations et les groupes de recherche qui l’ont précédé, d’autres lui sont plus spécifiques (son positionnement sur les métiers, sa volonté d’être un centre de ressources pour les établissements de santé, son ouverture sur l‘International). L’association est investie par de jeunes chercheurs qui sont sur le terrain et bataillent au quotidien pour faire exister des travaux de recherche qui ne sont plus des exceptions qui confirment la règle non-dite et non-écrite : les infirmières ne pensent pas.

 

Conclusion

 

Depuis 1967 et les pionniers du GERIP, bien du chemin a été parcouru. La recherche en soins infirmiers en psychiatrie repose sur des collectifs rassemblés autour d’un soignant plus ou moins charismatique qui fédère une partie de ses collègues, le tout encouragé parfois par un directeur des soins qui garde suffisamment de soignant en lui pour encourager la recherche et favoriser la diffusion au moins locale de ses résultats.

La plupart des associations et Groupe de Recherche ont disparu dès que ces conditions ont cessé d’être rassemblées. Le chemin aurait pu être plus riche si les infirmiers, d’abord, l’avaient investi, s’il avait été reconnu par les instances qui sont à la tête des établissements (qu’elles soient médicales ou administratives). Des textes que nous n’avons pas repris les incitaient pourtant à le faire, ce qui montre que quand elles le souhaitent ces instances s’exonèrent très bien de l’application des textes réglementaires. Les rares chercheurs, sans statuts, presque sans reconnaissance ont du tailler leur chemin à la machette. Il est important de rendre hommage aux pionniers du GERIP, de l’AERLIP, de l’AREPSY, de la SERHEP et de PRISME. Nous ne saurions leur faire subir ce que les chercheurs en sciences humaines, les médecins (à quelques très rares exceptions près) font endurer à toute la profession infirmière, en psychiatrie ou en soins somatiques.

L’ADRPSY n’est donc pas la première association de recherche en soins en psychiatrie. Elle est l’héritière de toutes celles qui l’ont précédée et de celles qui existent encore. C’est très bien comme ça. Il faut toujours payer ce que l’on doit à nos ancêtres. Les fantasmes d’auto-engendrement condamnent à la répétition en boucle des traumatismes vécus par les générations précédentes. Qu’on le veuille ou non, l’histoire existe et est, elle aussi, une discipline scientifique.

Qu’apporte donc de nouveau l’ADRPSY ?

Elle naît dans un climat plus apaisé en termes de recherche. Il existe différents types d’outils et de supports sur lesquels les chercheurs peuvent s’appuyer (PHRIP, création d’une discipline du soin dites des sciences infirmières, création du diplôme d’IDE en Pratique Avancée qui leur attribue un statut jusqu’ici absent même s’ils ne sont pas réellement formés à la recherche en soins mais après tout ce qu’ont montré ceux qui nous ont précédés c’est en cherchant qu’on devient chercheur), etc.

Elle rassemble des chercheurs de différents pays (avec donc des cadres d’intervention et des mandats différents), de différents établissements (elle dépasse ainsi la dépendance au charisme d’un chercheur et le risque de disparition que cela implique), de différentes professions et disciplines (en ce sens elle n’est pas corporative, elle s’ouvre à des méthodologies issues des sciences humaines souvent peu utilisées par les infirmières). Elle organise ainsi la transmission entre chercheurs de différentes générations, elle contribue à les alerter sur les périls qui guettent la recherche en soin en psychiatrie. Elle permet la transmission des travaux de recherche et nourrit l’appareil à penser des chercheurs, leurs intuitions. Elle crée les conditions pour que puisse naître une académie du soin et de la recherche qui favoriserait la transmission des travaux et en ferait un patrimoine commun à tous les soignants.  

En ce sens, elle doit beaucoup à son président d’honneur, Jean-Paul Lanquetin, qui dès le début de ses travaux qui remontent aujourd’hui à plus de trente ans, souhaitait rassembler les chercheurs, leurs travaux et qui a tracé une voie à laquelle il n’a jamais dérogé.

 

Dominique Friard


[1] Letourneau D., Dupeu D, et al., Le secteur psychiatrique, Les Guides de L’infirmière Magazine, Editions Lamarre, Paris, 1991, p. 27.

[2] Friard D., Epistémologie du soin infirmier. De la blouse blanche à la toge universitaire, Ed. Seli Arslan, Paris, 2021, p. 52.

[3] Ibid.

[4] Association pour l’Etude et la Rédaction du Livre blanc des Institutions Psychiatriques.

[5] ZILLIOX (H), On les appelait « gardiens de fous ». La profession d’infirmier psychiatrique. Op. cit.

[6] ZILLIOX (H), On les appelait « gardiens de fous ». La profession d’infirmier psychiatrique. Privat, Coll. Epoque, Toulouse, 1976. 295 p

[7] Ibid.

[8] Ibid.

[9] CASTERA (A), Pour une analyse de la situation, in Le militantisme en psychiatrie, Sud/Nord, Folies & Cultures, 2010, n° 25, pp. 81-84. 

[10] Friard Dominique, Leyreloup Anne-Marie, Rajablat Marie et Louesdon Joëlle.

[11] Serpsy, le soin en mouvement Une histoire de soignants et parfois d’usagers, http://www.serpsy1.com/pages/connaitre/20-ans-d-histoire.html

[12] FRIARD (D), LEYRELOUP (A-M), LOUESDON (J), RAJABLAT (M), STOLZ (G), WINDISCH (M), Psychose, psychotique, psychotrope : quel rôle infirmier ?, op. cit., p. 16.

[13] Exceptons bien sûr, les travaux pionniers du psychiatre américain Liberman RP. Module Education au traitement neuroleptique : manuel du thérapeute. Socrate réhabilitation. Belgique : Hôpital Vincent Van Gogh, Marchienne-le-Pont, 1992 et de l’infirmier suisse FAVROD (J) qui a entre autres co-écrit avec SCHEDER (D), Faire face aux hallucinations auditives : de  l’intrusion à l’autonomie, Socrate Editions Promarex, Coll rehab psychiatrique, 2003.

 

[14] Elle comprend neuf fascicules qui sont consultables et téléchargeables sur le site : https://www.lilly.fr/fr/maladie/schizophrenie/brochures.aspx

[15] LANQUETIN (J-P), TCHUKRIEL (S), L’Impact de l’informel dans le travail infirmier en psychiatrie, 2012 ; accessible en ligne à l’adresse www.croixmarinenormandie.com/limpact-de-linformel-dans-le-travail-de-linfirmier-en-psychiatrie-jean-paul-lanquetin-mars-2015

Date de dernière mise à jour : 22/02/2023

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