Billets de blog
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Lecture publique, 16 juillet à 16 heures
- Par serpsy1
- Le 13/03/2022
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Sans cont@ct (extrait)
D. Friard
On n’invitait plus les morts à table.
En ce temps déraisonnable
Chacun était l’ennemi de chacune.
Une main tendue, ouverte
N’était la garantie de rien.
Jusqu’au salut entre nous, tombé sans bruit
Au milieu des hourrah vespéraux.
Des baisers prohibés jusqu’au shake-hand redouté,
Le danger était partout.
Les emballages recelaient des pièges redoutables
Les poignées de portes abritaient le Jesse James des virus
Lecture publique Dominique Friard, Madeleine Jimena Friard
Vendredi 16 Juillet- 16 heures
Maison de la poésie
6 rue Figuière - AVIGNON
04 90 82 90 66
Entrée 3 euros
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Trente ans après, qu'est devenu le soin en psychiatrie ?
- Par serpsy1
- Le 26/09/2021
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Trente après, qu'est devenu le soin en psychiatrie ?
Le 23 mars 2022, les infirmiers de secteur psychiatrique (ISP) commémoreront le trentième anniversaire de la suppression de leurs études et de leur diplôme. Cette extinction d'une profession pourrait n'être qu'une péripétie historique si elle ne s'était accompagnée de l'effacement (voire de l'invisibilisation) d'un champ entier de savoir qui manque cruellement aujourd'hui. La multiplication des isolements et contention (et l'impossibilité même de penser soigner sans), la raréfaction des activités de médiation sont là pour nous le rappeler.
L'association Serpsy (Soins, Etudes et Recherche en Psychiatrie) invite ceux que ça intéresse à commémorer cet évènement autour de la question : "30 ans après, qu'est devenu le soin en psychiatrie ?"
Différents évènements seront organisés en mars, notamment à l'Astronef, à Edouard-Toulouse à Marseille (13).
Des conférences, oui ! Des lectures d'ouvrage écrits par des ISP , oui ! Des débats, oui ! Des pièces de théâtre, oui ! Des manifestations, oui ! Des sittings. Des meetings. Des initiatives en tous genres pour montrer que nous sommes toujours vivants !
Saurons-nous dire non à la psychiatrie couchée, à la psychiatrie des bien assis et à leurs Assises bien proprettes, où tout est soigneusement planifié de telle sorte que rien ne déborde ?
Que vive la psychiatrie des poings levés, avec des soignants et des usagers debout (et non plus sanglés à leur lit) !
Ecrivez-nous, racontez-vous, racontez-nous !
D. Friard, pour l'association Serpsy !
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Averroès et Rosa Parks
- Par serpsy1
- Le 11/03/2024
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Averroes et Rosa Parks
Après nous avoir emmené sur l'Adamant, la péniche d'accueil, Nicolas Philibert nous accompagne à Rosa Parks et Averroes,deux unités du CHS Esquirol, à Paris. Nous y découvirons le soin, les entretiens, la parole de quelques patients, parfois rencontrés sur l'Adamant. Le cinéaste poursuit son exploration de la psychiatrie.
Ce lundi 25 mars, à l'Utopia d'Avignon, à 19h45 Stéphanie, Madeleine, Julie et Dominique, de l'association Serpsy vous attendent pour une soirée débat. On vous attend les collègues !!!
AVERROÈS ET ROSA PARKS - Cinéma Utopia Avignon (cinemas-utopia.org)
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Mme Hoffman, un film dédié à une infirmière cadre
- Par serpsy1
- Le 11/03/2024
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Mme Hoffman
Le portrait d'un femme infirmière cadre.
Sylvie, cadre infirmière à l'Hôpital Nord de Marseille, est fidèle au poste depuis 40 ans. Elle veille comme une lionne sur tous ceux qui l'entourent. Désormais sonne l'heure de la retraite. Un beau portrait de femme et d'infirmière.
Ce 15 mars à 20 heures à l'Utopia, en présence de Sébastien Lifshitz, le réalisateur.
Pour une fois qu'hommage est rendu à une de nos consoeurs, allons y !
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Les infirmiers du désordre
- Par serpsy1
- Le 14/01/2024
- 0 commentaire
Les infirmiers du désordre
En 2010, dans Vie sociale et traitements (VST), Olivier Mans et Anne-Marie Leyreloup[1], tous deux infirmiers de secteur psychiatrique et membres du bureau de Serpsy, publiaient un article autant rageur que documenté sur l’ordre infirmier. La position de Serpsy, sur ce point n’a jamais varié : « Non à l’ordre honni ».
Proposée au mois de juin 2006 à l’Assemblée nationale, la loi n° 2006-1668 portant création d’un Ordre national des infirmiers sera adoptée le 21 décembre de la même année. Fruit d’un lobbying soutenu, la commande faite au législateur n’est issue que d’une minorité d’associations d’infirmiers (une quarantaine sur les deux cents et plus que comptent la profession et quatre syndicats de libéraux).
Les premières élections soulignent cet état de fait. C’est un véritable fiasco. Seulement 20 % des infirmières libérales et 10 % des salariées prennent part au vote ![2] Malgré ce rejet, l’absence d’engouement, un manque de confiance patent, la profession d’infirmier est tout de même placée sous tutelle, sous la coupe d’un ordre professionnel qui va défendre son honneur et son indépendance (sic) et qui va être le garant de la qualité de ses pratiques !
Sur un terrain déjà peu propice à la discussion, les promoteurs de l’oni, pratiquement autoproclamés dirigeants, font encore bonne preuve de tact en exigeant de chacun des membres de leurs troupes, soit 510 000 volontaires désignés d’office, la modique somme de 75 euros comme autorisation à exercer. « Nous refusons de payer pour travailler », ce slogan se met vite à gronder dans tous les lieux de soin, jusqu’à résonner aux portes des plus grandes instances de la nation. Trois ans après la proposition de loi, le désaveu s’amplifie. Il se traduit par un refus quasi général d’inscription, en particulier chez les professionnels salariés où la fronde s’installe. Certains élus politiques, membres des conseils d’administration des hôpitaux, n’hésitent plus à le dire, l’Ordre national des infirmiers a davantage créé du désordre et de la division qu’uni la profession [1][1]http://www.serpsy.org/actualites_2010/c0910033.pdf.
4Contrairement à ce que ses partisans aimeraient faire passer, un ordre professionnel est une survivance d’un passé révolu, à l’héritage lourd, sombre car antisémite, xénophobe. Le contrôle de l’accès à une profession et sa régulation doivent rester de la compétence de l’État. Les dérives sont clairement possibles si ce contrôle est laissé à des officines privées…
Le Code de déontologie fait partie du Code de la santé. L’oni, un sigle décidément bien trouvé, travaille, en ce moment, à le modifier. Les seuls changements de virgule et autres petits rajouts démontrent avec quel sérieux la réflexion est menée. À noter, la notion de dévouement chinée dans le Code des médecins, alors que les infirmiers ont passé des années à s’en défaire. D’autres en lien avec la bonne moralité digne des ordres religieux du début de siècle dernier, ou même de celui d’avant. Manqueraient peut-être celles de famille et pourquoi pas de patrie… ?
Les lois de notre République n’étant visiblement pas suffisantes, malgré l’existence d’instances dans le privé et dans le public, l’oni devient « aussi », compétent en termes de sanctions disciplinaires. Juger ne lui suffit pas, il veut encore punir. Punir plus en infligeant une double peine se rajoutant à ce que prévoit la loi française ou européenne.
Attention à ne pas sortir du rang, du sillon qui est en train de se tracer. Des chambres disciplinaires, véritables tribunaux d’exception mis en place dans l’allégresse et la jouissance, serviront d’ici peu à alimenter la politique de la peur qui s’immisce actuellement jusqu’au cœur du soin. Quel infirmier ose dire aujourd’hui combien il se sent mal dans ce qu’il fait, ce qu’il est ? Torturé par l’idée d’avoir à passer plus de temps à prouver ce qu’il fait qu’à exercer l’art de soigner auprès de cet autre lui-même souffrant. Torturé par l’idée, l’ambiance de faute, d’erreur, imposée au soin par la technocratie sous couvert de la recherche de qualité, du risque zéro, de l’asepsie généralisée. Moins d’arguments auraient suffi pour nourrir la fronde.
Les Désobéissantes [2][2]http://www.contrordreinfirmier.org/, un collectif d’insoumises, est né ! La revendication est simple et sans appel, elle rassemble toutes celles et ceux qui refusent l’inscription à l’Ordre national infirmier. Ce charivari arrive aux oreilles des députés, quelques-uns le suivent et demandent la révision ou l’abrogation de la loi. La présidente de l’oni, auditionnée par la Commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale le 23 mars 2010, montre à quel point elle méprise une partie de ceux qu’elle est censée représenter. Elle est souvent reprise par les députés, étonnés, certains lui demandant d’ailleurs comment l’Ordre peut envisager l’avenir alors que seuls 10 % des infirmiers ont payé leur cotisation.
Dans son premier bulletin officiel, l’oni propose paradoxalement de refonder l’exercice infirmier en psychiatrie. Séduction ou provocation de la part de ceux qui dans les années 1990, lorsqu’ils militaient au cefiec (Comité d’entente des formations infirmières et cadres) et à la Fédération nationale des infirmières, exerçaient déjà leur lobbying ministériel pour que les isp, les infirmiers de secteur psychiatrique, n’accèdent pas de droit au diplôme unique. Les mêmes qui se classaient du côté pur de la blanche asepsie, encore elle, comme seuls et vrais infirmiers. Les mêmes qui renvoyaient les « psys » du côté obscur, mal rasés, fumeurs et buveurs de café, interdits car incapables de haute technicité. Séduction ou provocation lorsque la première proposition, la première décision divine, est de reconnaître les infirmiers de secteur psychiatrique à l’égal des infirmiers diplômés d’État. S’appuyant sur le rapport de synthèse [3][3]http://www.ordre-infirmiers.fr/wpcontent/themes/… Psychiatrie et santé mentale, enjeux et perspectives pour les pratiques infirmières, cette refonte de l’exercice isp a la même tonalité que le chant des sirènes.
Un chant inoffensif pour celles et ceux, infirmières et infirmiers de secteur psychiatrique, car avant tout psychistes, et donc devenus maîtres de ce qui fait science et art de l’écoute et de l’écho.
Un chant inoffensif pour celles et ceux, infirmières et infirmiers de secteur psychiatrique, préférant le désordre structuré à l’ordre, le surréalisme au pragmatisme, le désaliénisme à la contrainte.
Olivier Mans, Anne-Marie Leyreloup, 2010.
Mis en ligne sur Cairn.info le 06/09/2010
[1] Fondatrice et présidente de l’association Serpsy pendant vingt ans, elle fut également la webmasteresse du site serpsy.org.
[2] Depuis l’ordre infirmier ne communique plus sur le taux de participation aux élections de l’ordre. Les seuls chiffres fournis sont ceux de la participation des élus départementaux aux élections régionales puis nationales. Mais, même là, alors que l’on peut se dire que ces élus, sont intéressés, mobilisés par l’ordre, la participation a du mal à dépasser les 80 %.
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Autour de la notion de psychiatrie d'hier à aujourd'hui
- Par serpsy1
- Le 09/11/2023
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« AUTOUR DE LA NOTION DE PSYCHIATRIE D’HIER A AUJOURD’HUI »
« HIER, est née l’AREPP.
Quand on parle de Naissance, on évoque le début de quelque chose, sa venue au monde, son origine, l’endroit et le moment où ça commence…
C’est de la rencontre de professionnels : Psychiatre, Infirmiers de Secteur Psychiatrique, Psychologue et secrétaire qu’est née l’Association pour la recherche et l’Étude en Psychiatrie Publique à Dax le 30 mai 1983.
L’objectif était de dispenser de la formation continue à l’intégralité de cette équipe. « Tous les moyens étaient bons pour se former » : rencontres soignantes, abonnements à des revues, achats de livres et constitution d’une belle bibliothèque, jusqu’à financer des réflexions avec un psychanalyste (supervisions), toujours grâce à l’AREPP.
AUJOURD’HUI en 2023, l’association célèbre ses 40 années d’existence. Un anniversaire c’est l’occasion de parler du passé, de vivre le présent et de penser ou se projeter vers l’avenir.
Après 40 ans, 17 journées organisées à Dax, les questions que l’on se posait hier sont-elles les mêmes aujourd’hui ?
- Qu’en est-il ici et là, de la psychiatrie ? De la psychiatrie de secteur ? Des équipes pluridisciplinaires ? Des partenaires ? De leur travail ? De leurs responsabilités ? De leurs formations ?
- Qu’en est-il ici et là de la place de nos concitoyens souffrants de troubles psychiques ? De leur place dans notre société ? De celles de leurs familles ?
- Qu’en est-il ici et là de la spécificité de la psychiatrie par rapport à la médecine ?
C’est de toutes ces questions et de bien d’autres dont nous débattrons les : 30 novembre et 1er décembre 2023, lors des XVIIIème journées de psychiatrie de Dax. »
Récemment une infirmière, après une unique séance de supervision me disait qu’elle ne viendrait pas à la séance du jour. « On n’y parle que du passé, de l’histoire, moi ce qui m’intéresse c’est le présent. C’est ce qu’on fait aujourd’hui, ce que je fais aujourd’hui. » Certes. La centration sur l’actuel pourrait-elle constituer une sorte de trame commune à de nombreux champs disciplinaires voire à la société tout entière ? Evoquer le passé, tenter de comprendre comment il influe nos actes, nos représentations et nos pensés serait définitivement out, ringard, has been. Nous ne serions que les enfants de nos œuvres sans devoir quoi que ce soit à ceux qui nous précédés. Du passé faisons table rase. Un présent éternel serait notre seul horizon, comme si nous étions coincés dans Un jour sans fin.
L’AREPP nous invite à la démarche inverse : regarder d’où nous venons pour comprendre où nous en sommes et vers où nous allons. L’association Serpsy, beaucoup plus « jeune » qu’elle, participe à ces journées dont voici le programme :
dax-programme-2023.pdf (379.24 Ko)
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"C'est pas Alain Firmier qui est à l'Hamas"
- Par serpsy1
- Le 06/11/2023
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C’est pas Alain Firmier qui est à l’Hamas !!!!
Comme l’Education nationale, l’hôpital est passé très vite à un langage particulier : le langage machine, lequel a montré sa grande efficacité pour laminer un service public en moins d’une génération.
Pour « gérer » les soignants en temps de pandémie tout en réduisant encore les moyens, le ministère de la Santé avait lancé une plateforme intitulée « Renfort RH Crise ». Plutôt que de vraies créations de postes, nous avions donc eu droit à une plateforme - ce qui, en langage informatisé, signifie un service dévitalisé, dématérialisé.
« Renfort RH Crise » est censé faire venir des « extras », sur le principe du volontariat, pour compléter des équipes cassées par l’austérité budgétaire. La plateforme doit fonctionner « suivant un principe de matching » : comme sur Tinder, il faut donner son profil pour voir si l’on matche, si l’on correspond à un besoin de « renfort RH » quelque part dans le chaos hospitalier.
Le soin et l’accueil réduits à une appli… (qui en enrichit certains quand même…).
Cette « jargonaphasie » généralisée marche très bien avec tous les langages totalitaires, avec les actuels délires sur le blasphème, avec les différents interdits de représentation et le refus de la caricature.
Les derniers ministres de la Santé ont, depuis vingt ans, décidé de faire de l’hôpital public une entreprise. Un management brutal s’est alors imposé aux soignants comme aux personnels administratifs. Les nouveaux gestionnaires ont donné plus de moyens aux process d’évaluation ainsi qu’aux programmes tests des nouveaux modes de tarification ; avec toujours plus de personnels pour s’occuper de formaliser des référents qualité, et toujours moins de moyens et de personnels pour les soins. Les soignants consacrant de plus en plus de temps à coder leur travail.
De l’infirmier au chef de service, ce sont maintenant tous les personnels soignants de l’hôpital public qui demandent plus de moyens et plus de temps pour assurer leur mission.
Si on décidait d’arrêter tout ça pour revenir à ce qu’on faisait avant : du soin, rien que du soin. C’est une position éthique et politique.
« La langue, comme performance de tout, n’est ni réactionnaire ni progressiste ; elle est tout simplement fasciste ; car le fascisme, ce n’est pas d’empêcher de dire, c’est d’obliger à dire », disait Roland Barthes.
La formule provocatrice de 1977 n’était qu’une étape, dans un cheminement qui a conduit Roland Barthes à reconnaître mélancoliquement la finitude du sujet et les failles du langage, mais aussi le plaisir et la jouissance des textes. Dans ce marasme actuel, restons transgressifs !...
Depuis 20 ans, les réformes successives ont fait tomber la France du meilleur système de santé à la seizième place du classement. Pour Frédéric Pierru, chercheur au CNRS, cela s’explique par le lancement de la tarification à l’acte (T2A) en 2004 et la loi HPST (loi « Bachelot » hôpital, patient, santé, territoire), 2 lois d’inspiration néolibérale : la première expliquant que « l’hôpital doit maximiser ses recettes et minimiser ses dépenses » et la seconde qui impose la gestion budgétaire aux dépens de la logique médicale en donnant le pouvoir à l’administration. Entre 2010 et 2020, c’est l’austérité budgétaire : les vannes d’argent ouvertes pour pallier les conséquences de la crise financière de 2008 se ferment brutalement et cette logique atteint l’hôpital. Austérité oblige, le point d’indice des salaires est gelé et les effectifs n’ont pas augmenté aussi rapidement que l’activité.
Les mesures adoptées par le Ségur de la santé, si elles ont voulu acheter la paix sociale, ont fini de rompre la confiance des hospitaliers.
L’hôpital public est désormais régi par le système des vases communicants : les soignants fuient - dans le privé ou en dépression - à mesure que les malades déferlent.
Tout le monde a aujourd’hui la solution pour, enfin, sauver l’hôpital : augmentation des salaires, réorganisation des services, revalorisation des conditions de travail, renforcement de l’ « attractivité » des métiers, pressions sur la médecine de ville, priée de faire sa part en matière de permanence des soins… De bonnes idées, bien qu’un peu floues et essentiellement « proclamatoires ». Peut-être serait- il temps de changer de méthode, et de tout remettre sur le tapis, en partant de la seule question qui vaille : qu’est-ce qu’un service public aujourd’hui ? Question qui, au passage, ne concerne pas seulement l’hôpital.
Enfin, un nouveau message pour les « terroristes » de l’Ordre Infirmier ! Conditions d’exercice dégradées, mal être au travail, insatisfaction : les infirmiers font part de leur vécu au travail dans une enquête IFOP inédite à l’initiative du collectif Charlotte K et de ses partenaires, l’Association Soins aux professionnels de la Santé (SPS) et Infirmiers.com. Et eux, à part réclamer leurs cotisations, que font les gugusses de l’ONI pour « améliorer » tout ce qui vient d’être décrit ici ? Alain Firmier ne remercie pas les législateurs, la Justice ( ?) et les Directions hospitalières d’être les complices de cet organisme mafieux ! 6 infirmiers sur 10 ne choisiraient plus ce métier si c’était à refaire !...
A l’instar de Don Diego de la Vega qui, pendant près de 20 ans, a essayé de convaincre les Espagnols qu’il revenait d’un bal masqué, Alain Firmier fait sien ce proverbe ibérique : « Beaucoup d’ennemis, beaucoup d’honneur ». Le proverbe est beau car l’Ibère est rude.
Gagnera-t-il lui aussi en honneur notre « ex-ministre » de la Santé ? J’ai nommé François Braun, lorsque celui-ci se lâche dans « Le Quotidien du médecin » (le 19 septembre dernier) : « Le gouvernement ? Ce n’est pas une équipe, plutôt une troupe de théâtre, qui joue ce qui a été écrit par un metteur en scène, mais avec des individualités qui veulent en permanence se mettre en avant ».
Soyons tous résilients ? Réfugions-nous surtout auprès de notre Boris Cyrulnik national qui, lui aussi, dénonce « la commercialisation du soin, tout comme celle de l’éducation ». Il insiste même le bougre : « Il faut lutter contre la commercialisation de la santé, contre la commercialisation du bien-être, contre la commercialisation de la médecine » (RTL, 30.09).
Alain Firmier, Boriscyrulnik compatible, a maintenant envie de citer Françoise Sagan : « C’est une étrange époque quand même que la nôtre, où (celles et) ceux qui apprennent aux enfants à vivre, à découvrir la vie - les professeurs - (et ceux) et celles qui nous aident à y survivre, parfois à la quitter - les infirmières - sont oubliés et maltraités. Plus qu’étrange, d’ailleurs, c’est révoltant ».
Saviez-vous que près de la moitié des Européens souffrent de problèmes de santé mentale ? Sauf, évidemment, à LFI, où tout le monde est lucide et rationnel ; comme à l’ONI, aussi !
Novembre 2023.
L’auteur de ce texte, « fraîchement retraité », qui revenait parfois en service faire des remplacements, a reçu un SMS d’un cadre qui lui indiquait que l’on n’avait plus besoin de lui pour les remplacements qu’il devait faire quelques jours plus tard.
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Quand l'ordre infirmier rançonne légalement les infirmières
- Par serpsy1
- Le 04/11/2023
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Quand l’ordre infirmier rançonne légalement les IDE
Les hôpitaux n’arrivent pas à recruter d’infirmières ; des unités voire des services entiers ferment, faute d’infirmières, que fait l’Ordre infirmier qui est censé les représenter ?
Il mène des enquêtes pour tenter de comprendre les raisons de cette désaffection ? Il prend fait et cause pour elles ? Dénonce des conditions de travail parfois aliénantes, une gouvernance souvent aveugle qui les broie ?
Non.
Extrait d’un courrier envoyé par un collègue :
« Bonjour Dominique,
Je reviens vers toi au sujet de l'Ordre infirmier qui, à ce jour, est monté de plusieurs niveaux pour mettre la pression sur les Infirmiers non-inscrits, notamment [dans notre établissement] où notre Directeur joue les relais de l'Ordre pour, à coups de rappels de menaces (convocation auprès du Procureur, par exemple), contraindre plutôt que convaincre ! »
Le collègue me joint le courrier qu’il a reçu du directeur des Relations Sociales de son établissement :
« Objet : Votre inscription à l’Ordre National Infirmier
Madame, Monsieur,
Votre attestation d’inscription à l’Ordre National Infirmier (ONI) n’a pas été enregistrée dans votre dossier administratif.
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Soit vous êtes déjà inscrit à l’ONI, il vous suffit de vous connecter sur votre compte pour générer une attestation et l’adresser au Secrétariat de la Direction du Personnel et des Relations Sociales. Le N° d’inscription à l’Ordre Infirmier sera saisi dans votre dossier.
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Soit vous n’avez pas encore procédé à votre inscription auprès de l’ONI. Vous pouvez effectuer votre inscription, par internet, sur le site de l’Ordre National Infirmier. Vous transmettrez votre attestation d’inscription au Secrétariat de la Direction du Personnel et des Relations Sociales dès réception.
Pour tout questionnement ou difficultés d’inscription à l’ONI, vous pouvez contacter l’Ordre Infirmier de XXXXX par mail à l’adresse suivante : XXXXX@XXXXXX.
Pour votre information, l’Ordre Infirmier a fait la démarche de signaler auprès du Procureur de la République la situation des professionnels exerçant au Centre Hospitalier de XXXXXX et non-inscrits à l’Ordre infirmier. Un délai a été octroyé par Mr le Procureur de la République pour permettre aux agents d’effectuer leurs démarches d’inscription auprès de l’ONI.
Passé ce délai (début année 2024), le Procureur convoquera les agents n’ayant pas effectué leurs démarches. Des poursuites pourront être engagées. »
Au secours ! Des poursuites vont être organisées par les Procureurs de la République contre les centaines de milliers d’infirmières qui ne sont pas inscrites à l’Ordre. Convoquer cent cinquante mille infirmières, ça va prendre du temps, avec leur rythme infernal, alors qu’elles ne suffisent pas à faire leur simple travail de présence et de soins auprès des patients. Les Procureurs de la République et leurs agents n’ont que ça à faire ? Avec les Jeux Olympiques de Paris, le terrorisme, la lutte contre la criminalité. Il est vrai que traquer l’infirmière c’est moins dangereux mais aussi … moins médiatique. Et pourtant des cohortes de blouses blanches se rendant à la convocation du Procureur ça ferait de belles images pour le 20 heures, coco !
Au début, je n’y croyais pas, je dois le reconnaître. C’est tellement gros.
Et puis renseignements pris, c’est encore pire que ça.
Un autre collègue, éducateur spécialisé, m’a écrit : « L'ONI use de drôles de moyen de pression. Étant peu informé sur le sujet, j'ai pris quelques renseignements auprès de mes collègues. Ce qu'il en ressort est qu'ils sont harcelés par des mails ou lettre de société de créance leur sommant de payer. Bien sûr en y ajoutant des frais ou amendes. Il s'agit d'infirmiers qui avait déjà été inscrit, quelques fois automatiquement, par l'Ifsi à la fin de leurs études et qui n'avaient pas payé leur cotisation par la suite.
Un infirmier de l'hôpital a eu un prélèvement sur son salaire de 500€, adhésion non payée plus amende.
En revanche, personne n'a eu de pression de la direction de l'hôpital, ni courrier, ni même remarque de la hiérarchie. »
Les infirmières n’ont rien demandé. Près de 17 ans après sa création, l’Ordre ne les a toujours pas convaincues.
Bien malin qui peut trouver les taux de participation infirmières aux élections de l’ordre sur le site de l’Ordre infirmier. Et pourtant s’agissant d’un organe qui se veut démocratique, la moindre des choses serait de le préciser. Comme si nous ignorions le taux de participation aux élections municipales, législatives ou présidentielles. Ce taux qui n’est pas la priorité des élus permet à chacun de faire des comparaisons, des analyses, de mesurer une évolution du corps électoral. A l’Ordre infirmier, c’est secret. L’ordre, en revanche, communique sur le taux de participation aux élections régionales et nationales : 80 % voire plus de votants, mais qui vote ? Les élus départementaux. Il ne manquerait plus que les élus s’abstiennent. On se demande même pourquoi ça ne fait pas 100 %.
J’ai cherché donc.
Voici ce que j’ai trouvé :
2008 : 13,83 % de participation. On nous expliquait alors que ce taux était bas parce qu’il n’y avait pas suffisamment d’inscrits. Mais un pourcentage c’est un pourcentage, il n’y a pas de raisons de penser que l’accroissement du nombre d’inscrits augmenterait le pourcentage de votants.
En 2008, ont voté :
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8,6 % de libérales,
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5,8 % d’infirmières exerçant dans le secteur privé,
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6,2 % d’infirmières issues du secteur Public (de loin les plus nombreuses).
En 2014, 21,09 %. Youpi, ça augmente mais ça fait à peine une infirmière sur cinq.
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Soit, 25,15 % de Libérales,
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18,79 % issues du secteur privé,
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18,09 % du secteur public.
Les différents postes n’étant pas pourvus, un nouveau vote est organisé, on tombe à 19,47 %, avec 17 % de libérales, 15 % issues du privé et du public.
En 2017, les chiffres cessent d’être disponibles, j’ai trouvé 10,4 % de votantes sur des sites infirmiers, mais les votes, par collèges, ne sont pas détaillés.
En 2020, j’ai trouvé le chiffre de 4,99 % dans un texte du FNI, je ne peux affirmer s’il s’agit du chiffre total ou de celui des Libérales.
En 2023, le chiffre ne serait pas encore disponible.
J’ai utilisé une intelligence artificielle pour en savoir davantage, celle-ci m’a répondu : « Je suis désolé, mais je n’ai pas pu trouver les informations spécifiques sur le taux de participation des infirmières aux élections à l’Ordre infirmier en 2020 et 2023 par collèges. Cependant, je peux vous dire que les élections à l’Ordre des infirmiers ont lieu tous les trois ans1 Chaque infirmier(ère), inscrit(e) au tableau de l’ordre est appelé(e) à voter1. Pour plus d’informations, je vous recommande de consulter le site officiel de l’Ordre National des Infirmiers 2 3. »
Plutôt que de persécuter les infirmières, l’Ordre Infirmier ne ferait-il pas mieux de commencer par remplir ses obligations de transparence ?
Quelle est la légitimité de cet ordre ? Peut-il réellement soutenir qu’il représente les infirmières alors qu’il cache les taux de participation aux élections ? Si les chiffres rapportés sont justes, quand on est élu avec quelques 5 % des voix, ne ferait-on pas mieux de faire preuve d’humilité ?
Au fait, dans la Fonction publique Hospitalière, quel est le taux de participation aux élections professionnelles ? 43,7 % Autrement dit les mêmes infirmières qui ne votent pas pour l’ordre votent pour les élections professionnelles. Etonnant, non ?
Dominique Friard