Formations spécifiques

Formations spécifiques

Les formation ici présentées, analysées et évaluées ne portent pas sur l'entretien clinique infirmier. Elles correspondent aux demandes d'institutions qui souhaitent voir développer certains contenus de formation "sur mesure" par Serpsy. Le rythme de ces demandes est par nature irrégulier, plusieurs années peuvent s'écouler sans propositions et celles-ci peuvent brutalement s'accélérer.

En 2022, Serpsy a réalisé une formation de deux jours, centrée sur L'entretien de crise en psychiatrie au Centre Hospitalier Sainte-Marie de Rodez.

En 2023, Serpsy a répondu à deux demandes de formations pour elle atypique : Les soins aux patients atteints de pathologies dites archaïques par le C.H. de Sevrey et L'écriture professionnelle de recherche au Centre Hospitalier de Cadillac. 

L'entretien de crise en psychiatrie

Genèse de la formation

Mi-décembre 2021, Mme Mihdidin, Responsable Formation de l'Association Hospitalière Sainte-Marie nous appelle afin de mettre en place une formation sur le thème de l'entretien de crise en psychiatrie destinée aux soignants de l'UADO. Cet échange téléphonique débouche sur l'identification des besoins et une ébauche de projet de formation qui se précise en mars 2022 après réception du cahier des charges.

Identification des besoins entretien de crise rodezIdentification des besoins entretien de crise rodez (13.8 Ko)

Cahier des charges uado l entretien de crise 1Cahier des charges uado l entretien de crise 1 (424.24 Ko) 

Entretien d accueil et de crise rodezEntretien d accueil et de crise rodez (126.4 Ko)

" En 1974, un arrêté préfectoral met en place la sectorisation de la psychiatrie adulte en Aveyron. Le département est divisé en quatre secteurs mais la ville de Rodez n’est pas sectorisée. En 1985, un nouvel arrêté modifie le découpage initial : Rodez, Espalion, Villefranche et Decazeville sont rattachés à l’hôpital psychiatrique Sainte-Marie de Rodez. Au fil des années, le Centre Hospitalier ne cesse d’améliorer la prise en charge des patients. Des unités d’hospitalisation et des structures et dispositifs alternatifs à l’hospitalisation sont implantées.

Aujourd’hui, les prises en charge à temps plein sont organisées en filières de soins (courte durée, réhabilitation, gérontopsychiatrie et addictologie) réparties sur 3 sites. La filière courte durée s’appuie sur l’Unité d’Accueil, de Diagnostic et d’Orientation (UADO), des Unités de court séjour, l’Espace Psychiatrique Intersectoriel Crise et Apaisement (EPICEA), les cliniques de Rodez et de Villefranche-de-Rouergue et l’Equipe Mobile d’Intervention et de Crise (EMIC), créée en avril 2021.

Les équipes pluridisciplinaire de l’UADO et de l’EMIC composées de soignants expérimentés et dotés de solides connaissances en psychiatrie souhaitent des rappels théoriques et pratiques sur l’entretien de crise qui constitue en quelque sorte leur cœur de métier."

La formation se déroule les 26 et 27 septembre 2022. 

Pré et post-tests

Pre et post test entretien d accueil infirmierPre et post test entretien d accueil infirmier (16.28 Ko)

Analyse des réponses

Que pouvez-vous dire à propos du cadre des entretiens d’accueil infirmiers ?

Pré-test

Posttest

SB1

SC1 « Ce sont des entretiens informels »

« Ce sont des entretiens non-programmés »

NC1 « Entretiens informels la nuit »

« Formels ou informels, pas d’objets fragiles ou potentiellement dangereux »

ED1 « Souvent informels, en chambre »

« Choisir un cadre qui mettra en confiance le patient afin qu’il puisse se livrer plus facilement »

AP1 « L’entretien d’accueil a lieu un peu à distance de l’entrée du patient qui a déjà eu un entretien lors de son passage aux urgences »

« Il faut attacher une attention particulière au cadre c’est-à-dire au lieu, au contexte, au moment, à la façon de prévoir le déroulement »

AC1 « S’adapte au contexte, patient, etc. »

« Modulable, patient dépendant »

CF1 « Réalisés en présence d’un infirmier, en toute confidentialité. Nous évaluons les idées suicidaires systématiquement et le pourquoi du motif de consultation, hospitalisation du patient »

« Qu’il est important de le définir, d’en prendre conscience et de savoir le moduler (Entretien formel d’accueil de crise, entretien informel).

MB1 « Bureau, face à face, calme, confidentialité »

« Temporalité, contexte, lieu, personnes, présentation »

SG1 « Confidentialité, calme »

« Confidentiel, calme, agréable, laisser choix bureau/petit salon) »

JR1 « Les entretiens d’accueil sont surtout faits à l’UADO. Ceux qui sont faits à l’UIF sont souvent informels et peuvent être reportés en fonction de la situation »

« Peuvent être formels ou informels. Adaptés à la situation et au contexte. Dans un lieu adapté. Avec confidentialité »

En prétest, nous repérons bien l’écart entre les réponses des soignants de l’UADO et ceux des autres unités. Les entretiens sont essentiellement « informels », ce qui suffit au fond à décrire leur cadre, comme s’ils n’en avaient pas. Si le cadre est un peu mieux décrit pour les soignants de l’UADO, les deux maitres-mots en sont « calme » et « confidentialité ». On note qu’en termes de contenu, les soignants explorent les idées suicidaires et les motifs de la consultation.

En post-test, les réponses occupent un volume plus important et sont relativement plus précises. L’entretien informel est défini par sa non-programmation. ED1 prête attention au cadre, même lorsque l’entretien est informel, il convient de choisir un cadre qui permette au patient de se sentir en confiance pour se livrer.  JR1les décrit comme adaptés à la situation et au contexte. Les soignants de l’UADO décrivent ce cadre avec plus de finesse et en citent quelques éléments.

L’évolution est patente. 

Quels objectifs fixez-vous à ces entretiens ?

Pré-test

Posttest

SB2

SC2 « Rassurer, apaiser » »

« Que le patient se sente mieux, rassuré, apaisé »

NC2 « Désamorcer une crise, apaisement »

« Recueil de données : évaluation psychologie, émotionnel, ressources, début d’alliance thérapeutique »

ED2 « Apaisement et/ou négociation concernant la prise des thérapeutiques. L’adhésion au soin »

« Faire bon accueil, de manière bienveillante, mettre à l’aise le patient, identifier les différentes émotions, les difficultés, les ressources du patient. De manière globale faire un recueil de données le plus complet possible »

AP2 « Réassurance, écoute et identifier les besoins du patient »

« Avoir des informations sur le vécu de la personne, le problème du moment, des signes cliniques, sa demande et lui apporter une aide et une réponse pertinente »

AC2 « Evaluer degré crise, urgence, etc. »

« Déterminer problématique, créer lien, alliance, identifier contexte »

CF2 « Evaluer la crise, évaluer idées noires, idées suicidaires, donner une réponse adaptée aux patients, parfois favoriser l’adhésion aux soins »

« Recueillir les difficultés du patient, ce qu’il attend de nous, qu’il trouve le moyen de facilement se livrer et identifier les ressources de ce dernier (le patient).

MB2

« La demande »

SG2 « Evaluation psychologique, suicide, agressivité, antécédents, entourage, attitude, volonté du patient »

« Qui demande quoi à qui, comment et pourquoi maintenant ? A B C D E F G H I J + évaluation psychologique etc. (voir prétest)

JR2 « Evaluer les risques suicidaires, apprendre à connaître le patient et les raisons de sa venue »

« Repérer les besoins et demandes du patient. Recueillir les informations importantes »

Entre pré et post-test, l’évolution est d’importance.

Dans les unités d’hospitalisation, en prétest, il s’agit d’apaiser, de rassurer, de désamorcer la crise, de négocier l’adhésion au soin. A l’UADO, c’est moins clair. MB2 ne répond pas à la question. Il s’agit d’abord d’évaluer : la crise, le risque suicidaire, et de favoriser l’adhésion aux soins. Au fond, un partage des tâches s’est organisé :  à l’UADO on évalue les troubles, dans les unités d’hospitalisation on apaise, on désamorce la crise. C’est tout à fait cohérent.

Le paysage change en post-test.

Les réponses sont plus longues, plus précises, plus argumentées. En soi, c’est déjà un premier effet positif de la formation.

Dans les unités d’hospitalisation, ce qui était énoncé en termes de réaction à une crise à canaliser s’écrit en effet actif, positif : « que le patient se sente rassuré, apaisé ». Les soignants sont davantage tournés vers le vécu du patient. Ils sont actifs : recueillent des informations, identifient des ressources, sont attentifs à la demande d’un patient qui peut être davantage acteurs de ses soins.

Les soignants de l’UADO sont davantage centrés sur la question de la demande, ce qui leur permet de chercher l’alliance thérapeutique dès l’entrée. SG reprend les apports techniques de la formation et les rajoute à son bagage initial. JR différencie besoin et demande.

Les soignants des deux types d’unités de soin s’approprient la formation et les rajoutent à un déjà là conséquent pour nombre d’entre eux.

A quels éléments êtes-vous attentifs lors de ces entretiens ?

Pré-test

Posttest

SB1

SC3 « Idées noires, idées suicidaires, angoisse comportement »

« Comportement, émotions, temps de réponse, parcours de vie, idées noires, idées suicidaires »

NC3 « Idées noires, idées suicidaires, agitation psychomotrice »

« Idées noires, idées suicidaires, attitude, posture, antécédents, ressources »

ED3 « Ses attitudes, ses besoins, le potentiel hétéro ou auto agressif, risque suicidaire »

« La posture, l’attitude, le comportement, les différents troubles (sommeil, alimentation), dépendances »

AP3 « Aux signes cliniques que l’on peut observer »

« A la posture, au discours, aux signes cliniques, la présence ou non d’une alliance thérapeutique »

AC3 « Tout. Risque suicidaire, consos, sommeil, apparence, etc. »

« Langage verbal et non verbal, posture, sensations du patient »

CF3 « La présentation du patient, le déroulé de l’entretien, l’implication du patient lors du déroulé de ce dernier, sa posture »

« Posture, émotions, contenu, le cadre et son respect »

MB3 « Idées noires, idées suicidaires, troubles du sommeil, risque de passage à l’acte auto ou hétéro-agressif, consos »

« Posture, idées de suicide, angoisses, sommeil, consos, environnement social et professionnel »

SG3 « Langage verbal, non-verbal, paraverbal + réponses à la question précédente

« A B C D E F G H I J de l’accueil à la conclusion de l’entretien + réponses au prétest »

JR3 « Le risque suicidaire, la posture, les attitudes du patient »

« Repérer les risques suicidaires et éléments VELCRO, des modifications dans l’attitude ou physique si l’on connait déjà le patient, aux signes d’agressivité ou de mal être »

Finalement assez peu d’évolution dans les réponses, pour cet item, entre pré et post-test. Les soignants sont attentifs, voire vigilants au risque suicidaire. Quel que soit le lieu de soin où ils exercent. AP le dit bien : les soignants sont vigilants quant aux signes qu’ils peuvent observer. L’arbre suicidaire cache-t-il la forêt de signes ? Tout passe par le regard et peu par l’écoute. SG et CF prennent en compte le déroulé de l’entretien et les différents types de langage.

Peu dévolution donc entre pré et post test. Si les éléments auxquels être attentifs s’enrichissent, ils passent plus par le regard que par l’écoute.

Quels éléments prenez-vous en compte lorsqu’il s’agit d’orienter le patient ?

Pré-test

Posttest

SB1

SC4 «  »

« Idées noires, idées suicidaires, agitation »

NC4 « Prise du sommeil, apaisement »

« Ressources, idées de suicide, agitation, alliance thérapeutique »

ED4 « Présence d’addiction, risque suicidaire, présence de délire, présence d’une agressivité potentielle »

« L’agitation, le potentiel agressif, risque suicidaire »

AP4 « Les signes cliniques, la pathologie »

« La demande du patient, le risque suicidaire, la potentielle agressivité, ses besoins en termes de contenance »

AC4 « Sa volonté, sa maladie, son comportement, etc. »

« Profil et maladie, sa demande et nos possibilités »

CF4 « Sa pathologie, son âge, s’il s’agit d’un premier contact ou non avec la psychiatrie, s’il s’agit d’un HL ou SSC, son degré de risque de passage à l’acte suicidaire »

« La gravité de la symptomatologie, la demande, l’attente du patient, son mode d’hospitalisation »

MB4 « Les mêmes qu’à la question précédente »

« Le profil du patient, ses possibilités et les nôtres »

SG4 « Age, gravité de la situation, agressivité, volonté du patient »

« Demander au patient de faire une synthèse de l’entretien + réponses pré test »

JR4 « La pathologie, les anciennes hospitalisations »

« La pathologie, la compliance au soin, ses hospitalisations antérieures, si possible les préférences du patient »

Cet item n’aurait jamais dû être inclus dans le pré et post-test, la moitié du groupe n’orientant pas les patients vers une autre structure. En première analyse, les soignants privilégient les troubles du comportement auto ou hétéro-agressifs. En post test, apparaissent la sévérité du trouble, le profil du patient (notion qui mériterait d’être interrogée), la demande et les possibilités de l’institution.

Avec quels outils évaluez-vous l’aspect thérapeutique de ces entretiens ?

Pré-test

Posttest

SB1

SC5 «  »

NC5 « Prise du sommeil, apaisement »

ED5 « Pas d’outil, cela se base sur l’observation, la diminution de l’agitation par exemple, une accalmie »

« Proposer au patient de faire une synthèse de l’entretien. Cela permettra de voir quels éléments il occulte, qu’est-ce qu’il met en avant, le rendre acteur »

AP5 « pas d’outil mais l’observation du patient, s’il est apaisé ou pas »

« Le but étant de faire une synthèse complète à propos du patient à la fin de l’entretien »

AC5 «  »

« Synthèse, MTVED »

CF5 « La transmission du savoir par mes collègues anciens sur la structure. Parfois le bon sens »

« MTVED, la grille de l’elfe, le A jusqu’à J »

MB5 « L’ordonnance, le logiciel cariatide, l’appel pharma »

« MTVED »

SG5 « Plaquette risque suicidaire, expérience, URD, antécédents, ordonnance, traitement »

« Génosociogramme, questions de l’elfe ; grille de Séglas + prétest »

JR5 « Observation du patient, les changements de comportement à observer »

« L’observation, les techniques de reformulation »

Cet item est souvent celui qui recueille le moins de réponses en prétest. Pour les soignants, en début de formation, il ne va pas de soi que l’entretien infirmier puisse avoir des effets thérapeutiques. Il est donc difficile de nommer des outils qui permette de l’évaluer. Cet effet thérapeutique est, par ailleurs, difficile à observer lorsque l’on ne revoit plus le patient hospitalisé dans une autre structure de soin.

Quoi qu’il en soit, en prétest sont cités l’observation, l’apaisement, le savoir transmis par les collègues plus anciens (plutôt opérant dans la structure de soin), les changements de comportement. Encore une fois peu reposent sur l’écoute du patient et, par exemple, la qualité de son insight.

En posttest, ED retient la synthèse de l’entretien effectuée par le patient, quatre soignants citent le MTVED (macrocible) qui peut effectivement servir à ce type d’évaluation si les effets thérapeutiques de l’entretien y sont intégrés, SG rajoute quelques outils d’entretien travaillés lors de l’entretien. A cet item aussi, l’évolution des représentations et des modes de pensée est perceptible.

Une formation qui modifie donc les représentations des stagiaires sur le cadre de l’entretien (elle promeut une vision plus large des entretiens informels et du cadre de soin), elle permet aux stagiaires d’affiner les objectifs qu’ils fixent à l’entretien d’accueil et de crise, d’être davantage vigilants à la parole du patient, à sa demande de soin, à ses ressources. Le patient y apparaît davantage acteur de ses soins.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 22/05/2023

Ajouter un commentaire